Origine et histoire de l'Ensemble fortifié
L’ensemble fortifié de La Ferrière est un dispositif de défense des XVIIIe et XIXe siècles, implanté le long des plages des Grands-Sables et de Samzun, sur la commune de Locmaria à Belle-Île-en-Mer (Morbihan). Lors de son séjour à Belle-Île en 1689, Vauban demanda de renforcer la défense des Grands-Sables, principal point de débarquement, et cinq ouvrages y sont mentionnés en 1692. Une campagne de travaux destinée à renforcer les défenses des Grands-Sables et de Samzun fut lancée en 1746 ; en 1747 on édifia un grand mur d’escarpe à simple redan, remplaçant le bastion projeté. La batterie de La Ferrière fut créée à cette occasion, à mi‑chemin entre les redoutes de Saint‑Laurent et de Ker David ; les travaux, interrompus à la fin de la guerre de Succession d’Autriche, reprirent au début de la guerre de Sept Ans. Les batteries et retranchements furent entretenus et renforcés pendant les guerres de la Révolution et de l’Empire. En 1841, la Commission mixte d’armement reconnut l’importance des Grands‑Sables et attribua trois batteries — du Bugul, de La Ferrière et de la Biche — qui, en 1858, furent les premières entreprises dans le programme pour Belle‑Île. La batterie de La Ferrière fut construite en 1858 ; son corps de garde crénelé, issu des études de 1846, fut entamé la même année et achevé en 1859. Ce réduit correspond au type de corps de garde dit « 1846 n°2 » et constitue le seul exemplaire subsistant de ce modèle sur l’île ; ses couronnements furent arasés peu après sa construction et il est aujourd’hui en partie enseveli par les dunes. L’armement initialement prévu — trois canons de 30 livres et trois obusiers de 22 cm, avec pour réduit une tour crénelée armée de deux obusiers de montagne — fut réduit à quatre pièces lourdes par la Commission de défense des côtes en 1862, la tour crénelée ayant été remplacée par un corps de garde renforcé dès les premières études. Les « dés » en maçonnerie des plates‑formes d’artillerie furent posés en 1862. Malgré une décision de désarmement en 1874, la batterie fut conservée comme point d’appui pour la défense mobile, comme le montrent des aménagements du corps de garde datables des années 1870‑1880. En 1939‑1940, un détachement de la garde des points importants du littoral fut affecté à la surveillance des Grands‑Sables. Pendant l’Occupation, les troupes allemandes renforcèrent la zone en aménageant de nombreux ouvrages aux abords de la plage et un réseau de tranchées. La muraille construite en 1747 couvre environ 1 200 mètres, soit la totalité des deux plages, et comporte trois portails fortifiés permettant l’accès (deux aux extrémités de la plage des Grands‑Sables et un à Samzun). L’ensemble est aujourd’hui en voie de dégradation importante : la base des fortifications est régulièrement attaquée par les tempêtes hivernales et la montée du niveau de la mer, et le fortin a été laissé à l’abandon. Les fortifications sont inscrites au titre des monuments historiques depuis le 2 mars 2001. Des photographies montrent notamment la partie ouest du mur depuis la plage des Grands‑Sables, le réduit de La Ferrière et la porte d’accès à la plage de Samzun.