Ensemble gallo-romain dénommé La motte de Condras à Neung-sur-Beuvron dans le Loir-et-Cher

Patrimoine classé Vestiges Gallo-romain

Ensemble gallo-romain dénommé La motte de Condras

  • 41210 Neung-sur-Beuvron
Ensemble gallo-romain dénommé La motte de Condras
Ensemble gallo-romain dénommé La motte de Condras
Ensemble gallo-romain dénommé La motte de Condras
Ensemble gallo-romain dénommé La motte de Condras
Ensemble gallo-romain dénommé La motte de Condras
Crédit photo : Arcyon37 - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une société privée

Période

Gallo-romain

Patrimoine classé

Ensemble monumental gallo-romain dénommé La motte de Condras (cad. F 189, 192, 194, 195, 196) : inscription par arrêté du 19 décembre 1979

Origine et histoire de l'Ensemble gallo-romain

L'ensemble monumental gallo-romain dit La motte de Condras comprend un théâtre antique situé à Neung-sur-Beuvron, daté de la fin du Ier ou du début du IIe siècle. Il s'insère dans un sanctuaire rural associé à un ou plusieurs temples et à une source, à plus de deux kilomètres au sud d'une agglomération secondaire probablement identifiée à la Noviodunum césarienne et proche de la limite entre les civitates des Carnutes et des Bituriges Cubes, en Sologne. Le théâtre a la forme d'un demi-cercle parfait de 100 m de diamètre, appuyé sur un mur périmétral haut d'environ 9 m et présentant une pente de gradins estimée à 13°. La cavea, orientée est-nord-est en direction d'un temple situé à environ 200 m, est divisée en quatre cunei par trois vomitoires rayonnants et comprend un couloir annulaire de circulation séparé du parement extérieur par un intervalle de 2,20 m. Une précinction formée de deux murs courbes parallèles remplis de sable sépare la cavea en gradins inférieurs et supérieurs ; deux couloirs latéraux larges de 5 m donnent accès à l'orchestra. L'orchestra occupe un demi-cercle de 33 m de diamètre et est séparée de la cavea par un balteus d'1,10 m ; la scène est encadrée par un mur long de 100 m bâti sur des fondations légères, suggérant une hauteur de mur modeste. Un massif de maçonnerie de 6 × 7 m, très dégradé, qui surmonte le mur de scène correspond vraisemblablement à une tribune ; il succède à un édicule en bois détruit par un incendie. Par analogie avec un théâtre de dimensions proches, la capacité de l'édifice peut être estimée à environ 7 000 spectateurs.

Les fouilles et sondages ont montré que l'édifice reposait sur des maçonneries en petit appareil, avec des joints soulignés au fer et un noyau de blocage, mais sans traces de fondations sur pilotis ; l'hypothèse de pieux en raison de la forte humidité du sous-sol a été abandonnée. Les structures de la cavea semblent largement constituées de socles et de murs bas délimitant des caissons remplis de sable, qui supportaient un système de charpentes en bois pour les gradins, les planchers et les escaliers, hypothèse confortée par la découverte de clous métalliques. Les matériaux employés incluent des moellons de calcaire lacustre de Beauce, du tuffeau de Bourré pour certains éléments décoratifs, des briques utilisées pour les chaînages et les voûtes, ainsi que du sable jaune de Sologne pour le remblaiement et le sol de l'orchestra ; le sable nécessaire au mortier provenait cependant des alluvions du Beuvron. Le remplissage sableux des caissons, estimé à environ 20 000 m3, a imposé la construction de contreforts aux extrémités du mur de scène.

Le site présente des traces d'occupation antérieure au théâtre : potins gaulois, fragments de céramique et d'amphores, éléments en bois et la présence d'une lingotière suggèrent un habitat permanent et peut‑être un atelier de frappe monétaire lié à Noviodunum. Les indices monétaires et le mobilier permettent de proposer une construction du théâtre dans les dernières années du Ier ou au début du IIe siècle ; les temples du sanctuaire paraissent antérieurs au théâtre, peut‑être de la première moitié du Ier siècle ap. J.-C. L'édifice connaît une fréquentation importante au IIe siècle, marquée par des déchets abondants dans les couloirs, puis un déclin au IIIe siècle ; au IVe siècle, des aménagements témoignent d'une réoccupation partielle et d'un usage d'abri, suivi d'un abandon définitif. Au Haut Moyen Âge et jusqu'au XIXe siècle, le théâtre sert de carrière de pierres et de sable, l'extraction entraînant l'effondrement des remblais et la perturbation de la stratigraphie ; au moins deux inhumations ont été constatées dans l'édifice sans datation précise.

Le site, désigné localement dès le XIXe siècle comme « buttes », « motte » ou « Châteauvieux », apparaît sur des plans et sur le cadastre napoléonien avant d'être identifié comme théâtre après des prélèvements révélant des maçonneries enfouies en 1974-1975. Des fouilles de sauvetage conduites à partir de 1976 par Henri Delétang, complétées par des sondages et des photographies aériennes, ont permis de lever un plan du monument et d'étudier son architecture ; le site a été inscrit au titre des monuments historiques le 19 décembre 1979. Après les campagnes, les tranchées ont été rebouchées en 1982 et les vestiges ré-enfouis sous la butte sableuse qui les recouvre ; une partie du mobilier collecté est exposée à la mairie, d'autres pièces sont conservées au musée des Beaux-Arts de Blois.

Liens externes