Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone
L'ensemble historique et archéologique de la cité épiscopale et canoniale de Maguelone s'étend sur un îlot des étangs littoraux et fut le siège d'un des premiers diocèses du Languedoc. Occupé depuis l'Antiquité, le site livre des vestiges protohistoriques, gallo-romains et wisigoths, mis en lumière notamment lors de fouilles importantes en 1967. Abandonnée au VIIIe siècle, la cité est reconstruite au XIe siècle et devient terre pontificale; au XIIe siècle une cathédrale plus vaste et fortifiée est édifiée. Le siège épiscopal est supprimé en 1536 et transféré à Montpellier, laissant l'église romane comme principal témoignage, ainsi que quelques vestiges des bâtiments canoniaux, du cloître à étages et du logis épiscopal. L'île constitue un gisement archéologique majeur pour les périodes protohistorique, gallo-romaine et médiévale.
La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, classée monument historique par la liste de 1840, a conservé de nombreux éléments décoratifs et funéraires. Le portail occidental, encadré à l'origine par deux tours du XIIIe siècle, présente des bas-reliefs de marbre blanc représentant saint Pierre et saint Paul, un linteau sculpté signé Bernard de Tréviers et daté de 1178, ainsi qu'un tympan polychrome où le Christ en majesté est entouré des quatre évangélistes. Un linteau intérieur est un remploi d'une borne milliaire de l'époque de Tibère.
L'intérieur révèle une nef romane aux murs très épais, couverte d'une vaste voûte en berceau et ponctuée de travées basses précédant une élévation plus haute caractéristique du XIIe siècle. La nef, sombre et pavée de tombes, abrite quatre gisants d'évêques et des chapelles intégrées dans l'épaisseur des murs. La tribune, élevée à la fin du XIIe siècle pour les chanoines, forme une sorte d'église haute plus lumineuse et s'ouvre par un escalier monumental pris dans le mur nord ; elle comporte un autel dédié à saint Nicolas et la dalle funéraire de l'évêque Jean de Montlaur a servi de couverture de sarcophage.
La chapelle Saint-Augustin, seul vestige de l'édifice reconstruit au XIe siècle, conserve des épitaphes et un autel en marbre aux armes de Jean de Bonald. Le transept et l'abside, achevés au XIIe siècle, témoignent d'un roman méridional sobre et soigné : le transept comprend deux chapelles aux croisées d'ogives primitives de facture lombarde, abritant sarcophages et mausolées, tandis que l'abside s'ouvre par trois fenêtres romanes aux colonnettes et chapiteaux et conserve des fragments lapidaires d'époque romaine. Le maître-autel actuel est un aménagement issu des travaux de restauration menés par Frédéric Fabrège au XIXe siècle.
Après des périodes de prospérité, de conflits et de déclin, les bâtiments claustraux furent vendus et partiellement démantelés, puis le domaine passa par la Révolution avant d'être acquis et restauré au XIXe siècle par Fabrège, qui entreprit des fouilles et reconstitua le décor végétal de l'île. Le culte y a été rétabli à la fin du XIXe siècle et la propriété fut donnée au diocèse de Montpellier en 1949.
Aujourd'hui Maguelone conserve une vocation d'accueil et d'activité : un ESAT géré par les Compagnons de Maguelone y développe des activités agricoles, d'aquaculture, de pêche et de sous-traitance, la cathédrale reçoit chaque année un festival de musique en juin et une messe paroissiale est célébrée le premier samedi de mai. En 2002, dix-sept vitraux contemporains de Robert Morris ont été posés dans les baies restaurées, complétant le riche ensemble monumental implanté sur cette île.