Origine et histoire
Le palais du gouvernement de Nancy, dit palais du Gouverneur, est un vaste hôtel particulier du XVIIIe siècle de style classique, doté d’un jardin. Le duc Léopold Ier, jugeant l’ancien palais ducal insuffisant, confia à Germain Boffrand la construction d’un « Nouveau Louvre » dont la façade principale devait s’ouvrir sur la place de la Carrière. Pour mener ce projet Boffrand fit démolir le chœur de la collégiale Saint‑Georges et certains communs ; les premières pierres furent posées en 1715. Le chantier resta inachevé après le décès du duc héritier et, faute de reprise sous la régence d’Élisabeth‑Charlotte d’Orléans, il se détériora et fut partiellement démoli, à l’exception de quelques fausses arcades encore visibles le long du Musée lorrain. Stanislas, résident à Lunéville, participa activement au réaménagement de Nancy et confia à Emmanuel Héré la construction d’une nouvelle Intendance pour le chancelier Antoine‑Martin Chaumont de La Galaizière. Les travaux dirigés par Héré eurent lieu de 1751 à 1753 et mobilisèrent de nombreux artistes : parmi les sculpteurs figurent Guibal, Vallier, Lenoir, Walneffer et Söntgen, tandis que Gergonne, Girardet et Lamour se chargèrent de la décoration intérieure. Une gravure de Dominique Collin de 1758 documente l’Intendance et montre des éléments décoratifs ultérieurement modifiés. À la mort de Stanislas en 1766, la Lorraine devint française et Jacques Philippe de Choiseul‑Stainville prit possession du palais, qui subit des réparations pour son installation. Pendant la Révolution le bâtiment fut loué à des particuliers, abrita un café et fut ensuite désaffecté par la municipalité. En 1791 la Constituante y établit le siège de la 4e division militaire ; le général de Victongoff y fut le premier commandant, suivi par plusieurs successeurs. Au XIXe siècle le palais alterna entre fonctions préfectorales et militaires : prêté au département pour y installer ses services, il reçut le premier préfet en 1823 et accueillit des visites officielles. Après la réorganisation militaire de 1858, il fut affecté à des commandants supérieurs de la région Est, parmi lesquels Canrobert, Mac Mahon, Forey, Bazaine et le général de Failly. Pendant la guerre de 1870 l’armée allemande occupa la ville et installa son état‑major dans le palais, où se succédèrent notamment les généraux Adolf von Bonin, Heinrich von Zastrow et Albrecht von Stosch jusqu’en juillet 1873. À partir de 1874 Nancy devint un centre militaire important ; le palais abrita la 11e division d’infanterie, puis le XXe corps d’armée et, au XXe siècle, la XXe région militaire. De 1940 à 1944 l’édifice fut occupé par les autorités allemandes ; après la Libération il redevint siège de formations militaires variées qui s’y sont succédé de 1946 à la fin des années 2000. En 2010 l’armée quitta définitivement le palais, qui fut cédé à la Ville de Nancy et intégré au programme de rénovation et d’extension du Musée lorrain. Depuis 2013 le bâtiment accueille des expositions thématiques et les derniers étages abritent le pôle Culture et Attractivité de la Ville ainsi que la mission du Livre sur la place. En novembre 2024 le restaurant Le Louis et le bar Le XV, jusque‑là installés au Grand Hôtel de la Reine, ont été transférés dans le palais pour la durée des travaux de rénovation de l’hôtel. Architecturalement, la façade en hémicycle munie d’une balustrade ferme la perspective de la place de la Carrière et marque la limite ouest du parc de la Pépinière. Le palais possède un jardin de 8 800 m2 planté d’érables et de deux platanes monumentaux, hauts de 42 m et d’une circonférence de 6,70 m, classés arbres remarquables en 2013 ; ces platanes, plantés sous Stanislas, ont plus de 250 ans. Le jardin, fermé à partir du 3 avril 2018 pour les travaux du Musée lorrain, a été rouvert au public le 7 mai 2021 et reste accessible depuis la rue Jacquot ou le parc de la Pépinière. Le palais a fait l’objet de plusieurs protections : classé au titre des monuments historiques en 1923, sa façade sur la place du Général‑de‑Gaulle l’a été en 1928 et le mobilier ainsi que la face nord ont été classés en 2005. Depuis 1983, en tant qu’élément fermant la perspective de la place de la Carrière, il fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO.
