Origine et histoire
La tour dite de Palmata, aussi appelée hôtel de la famille de Gaillac, est un bâtiment du XIIIe siècle situé dans le centre historique de Gaillac et inscrit aux monuments historiques. L’ensemble primitif, d’environ 400 m2, comprenait une cour entourée d’au moins deux bâtiments annexes ; la tour constituait un lieu d’apparat et l’accès à l’étage se faisait par l’une de ces annexes. La construction comprend un sous-sol, un rez-de-chaussée et deux étages ; le rez-de-chaussée et le premier étage sont voûtés. Le deuxième étage, aujourd’hui tronqué, était autrefois plus élevé et devait se terminer par un comble à quatre pentes ; un escalier aménagé dans l’épaisseur de la muraille relie le premier et le second étage. La salle voûtée du premier étage présente, dans ses quatre lunettes, des traces de peintures décoratives où figurent, en médaillons, des chevaliers galopant l’épée haute. Le second étage conserve deux baies géminées dont les arcs retombent sur une colonnette en pierre surmontée d’un chapiteau sculpté portant le coq de Gaillac. La tour est presque entièrement construite en briques et le chapiteau armorié de la salle haute renvoie à la famille de Gaillac, présente en ville dès les premières années du XIIIe siècle. Une peinture représentant Bertrand de Gaillac, mort en 1249, et le caractère roman de l’ouvrage confortent une datation au début du XIIIe siècle, alors que les textes ne la mentionnent qu’à partir du XVIe siècle. À cette époque, la tour appartient à Paul Matha, qui lui aurait donné son nom, et elle sert plus tard de prison ; 24 protestants arrêtés à Gaillac par le capitaine Mons furent enfermés et assassinés dans la nuit du 5 octobre 1572. Au XIXe siècle, Jean Guinolas acquiert en 1814 une partie de la maison puis, en 1824, complète l’îlot en achetant les deux tiers de la maison des héritiers Crouzet, ce qui indique que l’hôtel avait été modifié pour permettre l’occupation par deux propriétaires. La percée de la rue Cavaillé-Coll, liée à la construction du pont suspendu sur le Tarn en 1840, entraîna la destruction d’un important pâté de maisons ; la tour échappa de peu à la démolition, mais une partie de l’immeuble auquel elle appartenait fut rasée, la parcelle mesurant alors 400 m2 dont un tiers fut acquis par la ville pour le percement de la rue. En 1919 la cave de l’abbaye Saint-Michel achète la tour et l’aménage d’abord en magasin pour engrais et produits anticryptogamiques, puis, dès 1920, pour stocker des eaux-de-vie et abriter une cave expérimentale ; lors de l’inscription en 1927 la cave envisage de contribuer à la restauration pour attirer des visiteurs. En 2003, des élus locaux se sont ralliés à l’idée de préserver et d’ouvrir ce patrimoine, mais la propriété privée freinait les projets ; la ville de Gaillac a finalement acquis la tour en 2013 pour 243 000 euros, sans que des projets de mise en valeur aient alors été arrêtés.