Ensemble immobilier dit habitation Saint-Jacques

Ensemble immobilier dit habitation Saint-Jacques

  • 97230 Sainte-Marie
Crédit photo : MouvementFlou - Sous licence Creative Commons
Propriété du département

Frise chronologique

Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1700
1800
1900
2000
23 juin 1659
Fondation du domaine
1670
Développement initial
1689
Rénovation de la sucrerie
1694-1705
Expansion sous Labat
1769
Reconstruction de la chapelle
1793
Saisie des biens ecclésiastiques
1903
Fin de l'activité
27 mai 1980
Inscription aux monuments historiques
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Chapelle ; façades et toitures de la purgerie, des anciens magasins, du foyer et de la cuisine (cad. D 54) : inscription par arrêté du 27 mai 1980

Personnages clés

Veuve du gouverneur Du Parquet Remit le domaine aux Dominicains en 1659.
Père Jean-Baptiste Labat Dirigea l'habitation et développa sa production sucrière.
Jean Benoist Fonda une association pour la restauration des bâtiments en 1967.

Origine et histoire

L'habitation Fonds Saint‑Jacques est une ancienne plantation coloniale monastique située à Sainte‑Marie en Martinique, fondée au XVIIe siècle par les Dominicains ; elle fut l'une des plus grandes plantations esclavagistes de l'île et les bâtiments survivants sont inscrits à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 27 mai 1980, tandis que le site accueille aujourd'hui le Centre culturel de Fonds Saint‑Jacques, labellisé centre culturel de rencontre en 2001.
À l'époque de la colonisation, la Martinique était divisée entre la côte des colons et la Capesterre occupée par les Kalinagos ; après des opérations militaires impliquant des ordres religieux, la veuve du gouverneur Du Parquet remit aux Dominicains, le 23 juin 1659, un domaine au nord de Sainte‑Marie pour y établir un couvent et une plantation.
Une première case et une chapelle dédiée à l'apôtre Jacques donnèrent le nom de Fonds‑Saint‑Jacques à l'habitation.
Vers 1670, le domaine s'étendait sur deux à quatre cents hectares, dont une trentaine en canne à sucre, et employait une vingtaine d'esclaves ; la sucrerie fonctionnait alors avec un moulin à bêtes, puis fut remaniée en maçonnerie en 1689.
Sous la direction du père Jean‑Baptiste Labat, de 1694 à 1705, l'habitation se restructura et se développa : le nombre d'esclaves passa à cent vingt, la canne occupait environ cent hectares et la production sucrière augmenta sensiblement, tandis que la purgerie disposait d'un grand nombre de moules et d'installations liées à la fabrication du sucre.
Au XVIIIe siècle, l'exploitation poursuivit son accroissement, avec la construction d'un moulin à eau, d'un canal et d'un aqueduc pour capter l'eau de la rivière Saint‑Jacques, l'agrandissement du domaine et des améliorations des bâtiments, de sorte que le nombre d'esclaves et la production atteignirent des niveaux très élevés en fin de siècle.
Durant la Révolution française, les biens ecclésiastiques furent saisis en 1793 et l'habitation devint domaniale, mais les Dominicains continuèrent à l'administrer jusqu'en 1810 ; l'occupation anglaise et les décisions politiques de la période empêchèrent l'application immédiate de l'abolition de l'esclavage.
Le XIXe siècle marque une stagnation progressive : la propriété fut affermée à des particuliers et resta une exploitation sucrière jusqu'à la fin du siècle, malgré des modernisations techniques et la construction d'une usine centrale équipée de nouveaux moulins, d'une machine à vapeur, de turbines et d'une voie ferrée.
La crise du marché sucrier, liée à la concurrence du sucre de betterave et à la proximité d'autres usines centrales, limita le développement de la sucrerie de Fonds‑Saint‑Jacques et provoqua des conflits sociaux, notamment une grève en 1900 qui se termina tragiquement.
L'activité de l'habitation cessa en 1903 et, en 1934, les 230 hectares domaniaux furent morcelés en autant de lots attribués en location‑vente à des habitants et petits agriculteurs.
Après la départementalisation, le département devint propriétaire du site ; au milieu du XXe siècle la crise économique transforma profondément l'économie sucrière et favorisera la création d'une forme coopérative de gestion agricole, la SICA, destinée à soutenir une agriculture paysanne.
Le noyau central de l'ancienne habitation, réduit à onze hectares, fut remis en valeur à partir de 1967 par une association fondée par Jean Benoist, avec des financements universitaires et départementaux, qui permit la restauration des bâtiments et la création d'un centre de recherche et de formation.
Après des décennies d'activités scientifiques et culturelles, le Centre perdit progressivement le soutien universitaire et la bibliothèque fut transférée à l'Université Antilles‑Guyane, avant que le Conseil général transforme le site en centre culturel départemental en 1987.
Le site central continua d'évoluer : on y découvrit en 1992 le cimetière d'esclaves, la propriété passa à la Collectivité territoriale de Martinique après la fusion des collectivités, et le lieu développa des projets autour des traditions orales, de la création artistique et de la recherche, accueillant expositions et résidences.
L'ensemble bâti comprend la purgerie, le monastère devenu maison des maîtres et salle d'exposition, la chapelle, ainsi que les ruines de la sucrerie, de la distillerie et du moulin ; ces éléments évoquent la double vocation monastique et industrielle de l'ancien domaine, avec les cases des esclaves dispersées en amont près des parcs à bestiaux.
La chapelle, reconstruite en 1769, est une nef centrale bâtie en pierres dures récoltées sur les berges et la plage, liées par un mortier à base de sable volcanique et de chaux ; la voûte du portail, les encadrements des baies et les chaînages d'angle sont en pierre ponce, et la coquille de Saint‑Jacques figure au‑dessus du portail en souvenir de l'ordre des Dominicains.
Sa charpente en bois, conçue comme la carène d'un bateau renversé, est l'œuvre de charpentiers de marine ; au centre de la nef un marbre porte l'inscription « Anna », marquant la sépulture d'Andrée Prévoteau.
Les cases des esclaves, alignées le long d'une « rue cases‑nègres », étaient construites en roseaux et petites gaulettes enduites d'un mélange de terre et de bouse de vache, parfois recouvertes de chaux, et couvertes de têtes de canne et de roseaux.
Le cimetière d'esclaves, mis au jour près de la chapelle, a révélé des pratiques funéraires atypiques pour la région : la majorité des défunts y a été inhumée en cercueil, interprétation mise en relation avec la gestion religieuse de l'habitation.
Au titre de la protection du patrimoine, la chapelle et les façades et toitures de la purgerie, des anciens magasins, du foyer et de la cuisine ont été inscrites à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 27 mai 1980.

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