Origine et histoire
L'ensemble industriel des forges de Baudin, implanté sur les communes de Sellières et Toulouse-le-Château, trouve son origine à la fin du XVIIIe siècle : un haut fourneau est établi sur le site, en vertu d'un arrêt du Conseil d'État du 11 février 1783, et le haut fourneau de Frontenay y est transféré vers 1794. L'usine, toujours appelée Forges de Baudin bien qu'elle soit une fonderie, se spécialise dans la production de fonte moulée et fournit d'abord la fonderie de Syam. De dimension modeste, elle connaît une série d'extensions au début du XIXe siècle, avec la reconstruction de la fonderie, l'installation d'une machine à vapeur d'appoint en 1828 et la création de logements d'ouvriers, d'un hangar, d'une école et d'ateliers entre 1827 et 1839. En 1846, l'établissement comprend un fourneau, une machine à vapeur de 10 chevaux, deux cubilots, un four à réverbère, deux machines soufflantes et un moulin à farine à trois tournants. L'usine reste la propriété de la famille Jobez-Monnier tout au long de son activité et, sous la direction d'Edmond Monnier, connaît un important développement architectural et social : une chapelle néogothique est édifiée en 1853-1854 (vraisemblablement sur des plans de Narcisse Perrard), un presbytère et, vers 1865, le château patronal, agrandi vers 1885, sont construits, complétés par une conciergerie et une orangerie par les architectes Narcisse Perrard et Augustin Bidot. Les difficultés rencontrées par la métallurgie à la fin des années 1860 entraînent l'extinction du haut fourneau en 1874 puis sa destruction ; l'établissement se contente ensuite de traiter des fontes en gueuses importées de Lorraine. Au XXe siècle, la fonderie se spécialise dans la production de fonte émaillée, notamment de cuisinières et de pièces décoratives, puis cesse son activité à la fin des années 1950. La plupart des bâtiments de production sont rasés entre 1970 et 1975, certaines parties menaçant d'effondrement ayant déjà été détruites en 1975. Le site fait l'objet d'une protection au titre des Monuments historiques au début des années 1990 : la chapelle est inscrite puis classée, et plusieurs bâtiments d'habitation et administratifs sont inscrits en 1993. Un important fonds d'archives privées, couvrant la période 1686-1961 et d'environ 60 mètres linéaires, a été déposé aux archives départementales par Viviane de Labriffe, fille du dernier maître de forges. Socialement, l'usine a développé un modèle paternaliste offrant logements, chauffage, soins médicaux, école gratuite et coopérative aux ouvriers et à leurs familles, ainsi qu'une monnaie locale pour les achats. Des productions emblématiques, comme des fourneaux, cuisinières émaillées, éléments décoratifs et pièces pour fontaines (parmi lesquelles le « Cygne » de Lons-le-Saunier ou les éléments de la fontaine de Conliège), ont assuré la renommée de Baudin en France et à l'étranger. Après une longue période d'oubli et des tentatives de valorisation muséale, le site a accueilli successivement un musée animé par l'association Les Amis des Forges de Baudin puis un musée d'art moderne brièvement actif en 2017-2018. Racheté en 2022 par des descendants du dernier maître de forges, il fait depuis l'objet de travaux de réhabilitation et a vu l'inauguration d'une salle de réception lors des Journées européennes du patrimoine en septembre 2024 ; le projet bénéficie par ailleurs d'un soutien de la Fondation du Patrimoine et de la mission Bern à la suite du label Loto du Patrimoine 2024.