Origine et histoire
Une première chapelle est établie au Xe siècle, qui devient ensuite l'une des deux églises paroissiales des Baux, desservant alors Maussane, Mouriès et le Paradou. En 1633, Jacques Audran, maçon des Baux, effectue une reconstruction partielle ; le parti roman, marqué par une voûte en berceau, s'inspire sans doute d'éléments antérieurs encore présents. Sa qualité d'église paroissiale rend rapidement l'édifice trop petit, problème récurrent pendant plus de deux siècles. En 1671, la chapelle Saint-Joseph, dessinée par Pierre Audran et édifiée au sud, constitue la première extension, suivie de la construction d'un presbytère pour loger le curé. La seconde extension, menée en 1703 sous l'impulsion de Sébastien Quenin, crée la vaste chapelle de la Vierge, pendant au nord de la chapelle Saint-Joseph. Au XVIIIe siècle, les travaux se concentrent surtout sur le presbytère ; pour l'église, le chan cellier notable est la construction du clocher en 1772. En 1735, le presbytère est jugé en très mauvais état et trop exigu ; outre des réparations, une extension sur le cimetière est entreprise en 1742, consistant à édifier le bâtiment à l'est du jardin et à surélever d'un étage le bâtiment nord du jardin. Ces travaux nécessitent le déplacement du cimetière et de sa croix (CLMH 1935) vers l'est de l'église, avant que le cimetière ne soit cantonné au nord puis transféré en 1873 à son emplacement actuel. La Révolution marque une période de latence : en 1790, l'église est reléguée au statut de succursale, puis redevient paroissiale lorsque Saint-Martin-de-Castillon prend le nom du Paradou. Le manque de place réapparaît et plusieurs solutions sont envisagées ; en 1848, l'abside du chœur de la nef du XVIIe siècle est reconstruite, mais l'agrandissement reste trop modeste. Un projet de reconstruction totale est rapidement jugé trop coûteux et contraignant, notamment en raison de la nécessité de démolir le presbytère. En 1866, un projet pragmatique de Bompuy agrandit la chapelle de la Vierge pour lui donner une surface équivalente à celle de la nef principale, sans solution durable. Le projet réalisé par l'architecte arlésien Véran en 1894 apporte une solution définitive : il reconstruit une nouvelle nef, plus vaste, à l'emplacement de l'ancienne chapelle de la Vierge. Confronté aux contraintes budgétaires de la communauté, Véran propose un parti sobre, de décoration simple mais soignée, dans une esthétique néo-romane ; il conserve un schéma proche de l'existant avec trois travées et une voûte en berceau, mais élance nettement l'édifice en augmentant la hauteur et dessine un chevet à pans coupés. Parmi les décors sculptés, les chapiteaux des colonnes du portail réalisés par le sculpteur Brémond sont remarquables. Véran est de nouveau chargé en 1896 d'une seconde phase destinée à harmoniser les façades de la nef nouvelle (XIXe) et de l'ancienne (XVIIe). L'église livrée par Véran reste sobre et dépourvue de décor peint ; entre 1894 et 1904, le chartiste George Ratyé et le curé Laurent Beissière exécutent néanmoins les peintures du chœur et des chapelles latérales. Par ailleurs, quelques travaux d'ébénisterie et des vitraux sont commandés, notamment à l'atelier aixois de Louis André. Le presbytère est remanié dans les années 1880 : un imposant escalier est détruit, la distribution des étages est revue et l'affectation des pièces modifiée, tout en conservant la logique d'ensemble — pièces de vie au rez-de-chaussée, chambres à l'étage et locaux fonctionnels dans le bâtiment est du jardin — et en préservant la majeure partie du décor modeste, notamment les voûtements d'arêtes.