Éperon barré de Hières-sur-Amby à Hières-sur-Amby dans l'Isère

Patrimoine classé Vestiges Gallo-romain Fortification Éperon barré

Éperon barré de Hières-sur-Amby

  • Lieu-dit "Le Dozier", Chemin du Lac
  • 38118 Annoisin-Chatelans
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Propriété de la commune

Patrimoine classé

Site typique d'éperon barré (cad. 52 à 56, 9 à 15, 17 à 32, 67, 68, 313 à 322) : inscription par arrêté du 20 octobre 1983

Origine et histoire de l'Éperon barré

Le site de Larina, dit éperon barré d'Hières-sur-Amby, est un site archéologique implanté sur un éperon calcaire dominant le cours supérieur du Rhône et partagé entre les communes de Hières-sur-Amby et d'Annoisin-Chatelans, dans le nord de l'Isère. Classé au titre des monuments historiques depuis le 12 avril 1983 et parfois référencé comme éperon barré d'Annoisin-Chatelans, il occupe plus de 21 hectares protégés par un rempart long d'environ 950 mètres et des falaises qui surplombent la vallée d'environ 200 mètres. Le site a livré des témoins d'occupation du Néolithique récent jusqu'au haut Moyen Âge. Des carrières ont causé des dégradations au début du XXe siècle. Des fouilles menées à partir des années 1970, d'abord par le père Nicolet, puis par des équipes professionnelles et par le ministère de la Culture (campagnes 1977-1995 dirigées par Patrick Porte), ont permis de transformer le lieu en parc archéologique et d'ouvrir la Maison du Patrimoine, qui expose les objets découverts. L'occupation la plus ancienne signalée est sporadique au Néolithique récent, puis se manifeste par un habitat de cabanes et de fosses à l'âge du bronze final, période où un premier rempart pourrait avoir été édifié. À l'âge du fer laténien, le site devient un oppidum allobroge protégé par un vaste rempart en pierres liées à l'argile et densément occupé par des cabanes en torchis ; y ont été mis au jour du mobilier artisanal et d'importants dépôts funéraires — armes pliées, mobiliers métalliques, céramiques — déposés dans des cheminées de falaise, notamment au "Trou de la Chuire". Plus qu'un habitat permanent, cet ensemble est interprété comme un lieu de rassemblements périodiques, marchés et foires, associé à un sanctuaire celtique en plein air. Abandonné au début de la Gaule romaine, le site voit ensuite l'édification d'un sanctuaire dédié à Mercure, dont un autel votif (daté par son graphisme du IIIe siècle) et de grands blocs de construction ont été retrouvés. Du milieu du IVe à la fin du Ve siècle, un établissement agricole réoccupe le plateau, sans doute en annexe d'une villa de plaine : des cabanes en bois et torchis sont construites puis détruites par un incendie, une nécropole ("La Motte 1") reçoit des inhumations, puis un village de seize bâtiments sur solins de galets se développe avec maisons d'habitation, vastes bâtiments d'exploitation (entrepôts, pressoirs, ateliers) et un fanum accompagné de dépôts d'offrandes. Une nécropole secondaire ("La Motte 2") en coffres de lauzes est implantée au-dessus des tombes antérieures. Parmi les sépultures, une tombe singulière, creusée dans une cabane abandonnée et utilisée ensuite comme dépotoir, présentait des indices de ligature des pieds ; la personne y a été décapitée et la tête déposée sur une lauze posée sur le bassin, un traitement interprété par les archéologues comme lié à la crainte suscitée par le défunt. Au début du VIe siècle, les bâtiments sont arasés ou incendiés ; le fanum est provisoirement transformé en grande habitation avant d'être lui aussi rasé. Un vaste bâtiment d'habitation en moellons à toiture de lauze, d'environ 1 500 m2, est alors édifié sur les ruines, avec deux autres édifices d'exploitation en moellons abritant étables et ateliers ; l'ensemble témoigne d'une villa burgonde autonome implantée sur le plateau, tandis que sur la colline voisine ("Mollard 1") une église funéraire reçoit des sépultures privilégiées entourées de tombes sous lauzes. Dans la seconde moitié du VIe siècle et jusqu'au VIIIe siècle, la villa est remaniée et devient le centre d'un castrum mérovingien : le bâtiment central est reconstruit, agrandi et subdivisé, les bâtiments d'exploitation sont réorganisés, l'église ("Mollard 2") est étendue en chapelles funéraires et un mausolée est édifié au milieu de la nécropole. Le rempart laténien est alors reconstruit en moellons liés au mortier de chaux en remployant des blocs antiques monumentaux, et le mobilier métallique prend des caractères plus méridionaux ou septentrionaux selon les phases ; les études anthropologiques indiquent une évolution de la population locale vers des spécificités plus septentrionales, avec un important contingent de guerriers et cavaliers présentant des traumatismes. Au cours du VIIIe siècle, l'abandon volontaire du site est caractérisé par le murage des ouvertures, le déménagement de l'autel et des outils de production et l'effondrement progressif des murs ; de nouveaux établissements prennent place dans des espaces plus ouverts du plateau et de la plaine. Le parc archéologique présente aujourd'hui les vestiges du site, des vues partielles et des reconstitutions, notamment le tracé d'une grande ferme du haut Moyen Âge, et la Maison du Patrimoine expose les objets mis au jour lors des fouilles.

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