Origine et histoire
L'escalier monumental de la gare de Marseille-Saint-Charles, qui relie directement la gare au boulevard d'Athènes, a été inauguré par le président Gaston Doumergue le 24 avril 1927. À l'origine, la gare, inaugurée en 1848, n'avait pas d'accès direct au boulevard d'Athènes, obstrué par les bâtiments du Petit Séminaire, ce qui obligeait à un long détour. Dès 1859 Adolphe Meyer suggérait la construction d'un "gigantesque escalier" bordé de repos et de lignes architecturales pour joindre le plateau supérieur. En 1911 la municipalité lança un concours pour un escalier monumental destiné à terminer la perspective du boulevard d'Athènes; le projet retenu fut celui de l'architecte Eugène Sénès, assisté de Léon Arnal. Le chantier fut retardé par des difficultés techniques et financières et surtout par la Première Guerre mondiale, puis repris en 1919 afin d'être achevé pour la seconde exposition coloniale de 1922. Les bâtiments du Petit Séminaire, achetés par l'État en 1903 pour y installer le collège Belsunce puis le collège Saint Ignace, étaient inoccupés et leur démolition commença le 5 décembre 1921. Le monument de la Vierge dorée, élevé en l'honneur de l'Immaculée Conception et inauguré en 1857 à l'extrémité du boulevard d'Athènes, fut transféré fin 1922 à son emplacement actuel au carrefour du boulevard Voltaire, de la rue Pierre-Semard et du boulevard de la Liberté. La première pierre de l'escalier fut posée par le maire Siméon Flaissières le 17 juillet 1923. L'escalier fut ouvert au public lors d'une première inauguration le 22 décembre 1925, mais les sculptures n'étaient pas encore achevées. Après l'achèvement définitif des décors, une seconde inauguration officielle eut lieu le 24 avril 1927 en présence du président de la République, du sénateur-maire Siméon Flaissières, du ministre des Travaux publics André Tardieu et du préfet Delfini; le même jour fut inauguré le Monument aux morts d'Orient et le lendemain le tunnel du Rove. L'ensemble de l'escalier et de ses jardins a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 14 décembre 2022.
L'escalier mesure 15,5 mètres de haut, comporte 104 marches et est interrompu par sept paliers de dimensions variées. En descendant depuis l'esplanade de la gare, on rencontre successivement plusieurs groupes sculptés. Au niveau du quai, de part et d'autre de l'escalier, se trouvent deux groupes animaliers d'Ary Bitter représentant chacun un enfant accompagnant un lion; celui de gauche s'intitule Le Soleil et la Mer, celui de droite Le Monde est à l'Énergie. Après trois petits paliers, un grand palier intermédiaire est encadré par deux pylônes dont la face sud a été sculptée par Auguste Carli. Chaque socle représente la proue d'un navire avec trois rames de chaque côté de l'étrave ornée d'une tête de bélier et deux dauphins émergent de l'eau au bord du navire. Sur le pylône de gauche, l'allégorie La Porte de l'Orient est vêtue d'une longue toge, jambes croisées, et tient un trident; sur le pylône de droite, l'allégorie Marseille colonie grecque porte une chlamyde et tient une statue de Diane. Les autres faces des pylônes portent des armoiries sculptées par Henri Martin: sur le pilier gauche figurent Nice (est), Marseille (nord) et Aix-en-Provence (ouest), et sur le pilier droit Lyon (est), Marseille (nord) et Paris (ouest); chaque pylône est surmonté d'une lanterne.
Aux trois derniers paliers, six petits groupes en bronze d'Henri Raybaud, fondus par François Rudier, représentent les produits de la Provence; sur la rambarde gauche se succèdent La Moisson, Les Fruits et La Pêche, et sur la rambarde droite Les Vendanges, Les Fleurs et La Chasse. Au dernier palier, deux groupes en pierre de Louis Botinelly se font face: à l'ouest Les Colonies d'Afrique et à l'est Les Colonies d'Asie. Dans Les Colonies d'Asie, la femme présente des traits rappelant une princesse khmère; à ses pieds se trouvent une fillette coiffée d'un chignon et un jeune garçon, et à sa gauche un lion évoquant l'art khmer; cette représentation s'inscrit dans la continuité de l'exposition coloniale de 1922, qui avait un pavillon de l'Indochine et des danseuses cambodgiennes. Dans Les Colonies d'Afrique, la femme est adossée à une banquette, coiffée de tresses et accompagnée d'une guenon avec son petit; un crâne de buffle aux cornes en spirale est présent et deux enfants portent respectivement un masque africain et une défense d'éléphant.
