Origine et histoire
L'escalier monumental d'Auch relie la haute-ville à la basse-ville en franchissant la rive gauche du Gers entre la place Salinis, au sud de la cathédrale Sainte-Marie et de la tour d'Armagnac, et le boulevard Sadi-Carnot, entre le pont du Prieuré et le passage Saint-Pierre. Monseigneur de Salinis, au milieu du XIXe siècle, donna l'impulsion à un vaste projet de modernisation et d'urbanisation visant notamment à dégager la cathédrale et à améliorer l'adduction d'eau et l'éclairage des rues. Le préfet Paul Féart lança les grands travaux municipaux adoptés par le Conseil général et le Conseil municipal au milieu des années 1850, conformément aux vœux d'embellissement et de réorganisation urbaine qu'il défendait après les événements de 1851. L'architecte Léopold Gentil traduisit ces intentions en plans, mais l'auteur du projet finalement réalisé demeure inconnu ; les travaux débutèrent en 1858 et l'ouvrage fut inauguré en 1863. Selon les sources, l'escalier compte soit 330 marches à l'origine, soit 374 marches au total en tenant compte des doubles volées ; on indique par ailleurs que 233 marches suffisent pour monter de la basse-ville à la haute-ville. Construit sur une dénivellation de 35 mètres, il s'organise en volées convergentes et divergentes séparées par terrasses, jardins et bassins, et est protégé par de larges balustrades de pierre offrant des vues sur la ville basse. La première terrasse accueille la statue de d'Artagnan, des banquettes en demi-cercle et une fontaine adossée au mur de soutènement ; une niche ornée de pilastres et d'un arc en plein cintre abrite une autre fontaine et son bassin. Les sept fontaines de l'escalier bénéficiaient du même réseau d'adduction d'eau mis en place lors des travaux du XIXe siècle. L'ouvrage a été réalisé avec la pierre calcaire locale extraite des carrières du Serrot à Leboulin et avec des pierres de la chanoinie réemployées, tandis que certains bâtiments alentour furent démolis ou déplacés pour dégager la cathédrale et créer la place Salinis. Fragile du fait de matériaux peu résistants et d'un emplacement instable, l'escalier a été endommagé par les inondations de 1897 et surtout de 1977, qui provoquèrent l'effondrement d'une partie au-dessus de la rue Charras. Des travaux de confortement et de réhabilitation ont été engagés depuis, restituant la teinte blonde de la pierre gersoise et réaménageant les jardins, avec notamment des arbres de Judée et la plantation de 420 pieds de vigne de Saint-Mont en 2017 dans le cadre d'un partenariat conclu en 2009 entre la ville et la Fondation du patrimoine. Sur la première esplanade se trouve L'Observatoire du temps, sculpture en fonte de Jaume Plensa qui commémore les inondations de 1977 en Gascogne en égrainant des mots bibliques évoquant le déluge. La physionomie générale et certaines caractéristiques ornementales de l'escalier renvoient à des références stylistiques européennes, comme la villa Garzoni en Italie, ou à des escaliers remarquables du Bom Jesus au Portugal, de la gare Saint-Charles à Marseille et de la rue Foyatier à Montmartre. La statue de Charles de Batz de Castelmore, dit d'Artagnan, domine l'une des terrasses ; elle a été réalisée par Firmin Michelet en 1931. L'escalier monumental d'Auch fait l'objet d'une protection patrimoniale : l'ensemble urbain formé par l'escalier, ses terrasses, leurs élévations, bassins, plantations et la place Salinis est classé comme site remarquable depuis 1943, et l'escalier lui-même est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1994.