Origine et histoire de l'Établissement thermal
L'établissement thermal de Luxeuil-les-Bains, situé dans la commune éponyme en Haute-Saône, est géré par la Chaîne Thermale du Soleil. Les eaux, issues de deux forages nommés Dr Pierrat et Soleil, sont hyperthermales (50 °C et 60 °C) et se caractérisent par un profil chloruré sodique, bicarbonaté, sulfaté, siliceux et une richesse en oligo-éléments. Les cures sont principalement prescrites pour des affections de la phlébologie, gynécologiques et rhumatismales; les thermes et leurs eaux bénéficient d'une renommée nationale. L'exploitation des sources remonte à l'époque de la conquête romaine ; une tradition, toutefois contestée, attribue au général Labienus des travaux de remise en état des thermes. Les sources furent ensuite perdues lors des grandes invasions qui entraînèrent la désaffection des bains antiques. Les bâtiments actuels trouvent leur origine dans des reconstructions commencées au milieu du XVIIIe siècle ; l'établissement, d'architecture classique en grès rose des Vosges, a été inauguré en 1768. Entre 1765 et 1769 furent édifiés deux bâtiments sur les sources et bassins anciens d'après les plans de Jean Querret, puis, de 1775 à 1786, ces deux corps furent réunis par une galerie marchande conçue par les ingénieurs Bertrand et Lingée. Sous le Second Empire la station prit de l'ampleur : la ville céda la concession à l'État en 1853, des agrandissements furent réalisés — en 1855 pour le grand bain au nord selon le projet de l'architecte Monnier, puis en 1858 par un bâtiment semi‑circulaire dit bain ferrugineux impérial — et Napoléon III séjourna sur place en 1856 avec l'impératrice Eugénie, ce qui contribua à la relancer. Un parc régulier, créé au XVIIIe siècle et agrandi sous le Second Empire, fut transformé en parc paysager par l'horticulteur Auguste Napoléon Baumann ; il contenait alors dix‑huit sources captées, dont la Fontaine d'Hygie, déclarée d'intérêt public en 1858 et commercialisée. Au début du XXe siècle la station connut un fort prestige mondain ; des artistes et personnalités comme Sacha Guitry ou Yvonne Printemps fréquentèrent le lieu et de nombreux grands hôtels et villas furent construits. La municipalité récupéra les thermes en 1936 ; entre 1937 et 1939 des transformations importantes et un agrandissement au nord furent réalisés sur le projet de Robert Danis et exécutés par l'architecte Paul Giroud, tandis qu'une piscine thermale moderne fut construite en 1938-1939. Après une période hésitante, l'activité thermale a connu un renouveau au XXe siècle : le nombre de curistes a atteint 2 000 en 1954, puis 3 000 dix ans plus tard, et la population de la ville augmente encore sensiblement pendant la saison estivale. L'édifice bénéficie de protections au titre des monuments historiques, avec des classements en 1862 et 1942 et une inscription en 2011.