Origine et histoire de la Faculté de médecine
Dès 980, Montpellier se situe à la rencontre des cultures chrétienne, juive et musulmane, et sa vocation universitaire s'affirme d'abord dans le domaine médical. Vers la fin du XIIe siècle, le seigneur de Montpellier garantissait déjà la liberté d'enseigner la médecine, mais c'est en 1220 que le légat du pape organisa et régula cet enseignement, faisant naître l'universitas medicorum. Ces statuts, qui encadraient l'admission, la justice interne et les relations entre maîtres et étudiants, resteront pour l'essentiel en vigueur jusqu'à la Révolution. Rapidement réputée en Europe, l'école de médecine s'appuie sur la pratique clinique et les savoirs transmis, en particulier ceux issus des traditions gréco-arabes, et attire des étudiants de toute l'Europe. L'université de Montpellier reçut en 1289 une bulle papale qui confirma son statut et la valeur universelle de ses diplômes, mais les médecins conservèrent longtemps une autonomie singulière en continuant de fonctionner comme une « université des médecins ».
Jusqu'au XIVe siècle, les cours se tenaient chez les maîtres ou dans des églises ; l'enseignement anatomique sur cadavre apparaît dès 1340. Sous l'impulsion du pape Urbain V ont été construits au milieu du XIVe siècle le collège des douze médecins et le collège Saint-Benoît-Saint-Germain, ce dernier formant avec son abbatiale et son cloître un ensemble monumental qui deviendra plus tard la cathédrale Saint-Pierre. Transformé en palais épiscopal à partir du XVIe siècle, le site subit des dégradations pendant les guerres de Religion, puis des restaurations et des aménagements d'apparat aux XVIIe et XVIIIe siècles.
À la Renaissance, Montpellier renouvelle son enseignement : le Collège royal de médecine est établi à la fin du XVe siècle, un amphithéâtre d'anatomie est construit au milieu du XVIe siècle et le jardin des plantes, créé par Pierre Richer de Belleval en 1593, devient un instrument pédagogique et scientifique de premier plan. Des professeurs et étudiants illustres, parmi lesquels Guillaume Rondelet et François Rabelais, contribuent à la renommée de l'école, tandis que la pratique clinique reste une caractéristique majeure de l'enseignement montpelliérain.
La Révolution ferme puis réorganise les institutions : après une période d'interruption, la Convention crée en 1794 une école de santé à Montpellier, et en 1795 l'enseignement médical s'installe dans le vaste ensemble du monastère Saint-Benoît, confisqué comme bien national et affecté à l'école de médecine. C'est dans ces nouveaux locaux que seront aménagés au début du XIXe siècle un amphithéâtre néo‑classique et une bibliothèque riche en fonds patrimoniaux, réunis grâce à l'action conjointe de responsables universitaires et de donateurs. Le musée Atger, constitué de dessins et d'estampes, trouve également sa place au sein de la faculté au début du XIXe siècle afin d'aiguiser l'observation des étudiants.
Au XIXe siècle, la faculté s'agrandit le long du boulevard Henri‑IV pour accueillir le conservatoire d'anatomie et des collections anatomiques importantes, puis un Institut de biologie est ajouté en annexe. Le musée d'anatomie, qui rassemble des cires, moulages, préparations et pièces de tératologie, s'enrichit tout au long du XIXe et du début du XXe siècle et conserve aujourd'hui plus de treize mille pièces, dont une part notable classée au titre des monuments historiques. Le jardin des plantes, premier jardin botanique français, reste attaché à la faculté et constitue un patrimoine paysager et scientifique exceptionnel.
Au XXe siècle, la faculté contribue à des progrès médicaux et organise des rénovations et extensions des bâtiments historiques et des laboratoires ; certaines découvertes et pratiques développées par ses enseignants ont joué un rôle dans l'histoire des transfusions et de la médecine moderne. À la fin du XXe et au début du XXIe siècle, l'enseignement et la recherche se déploient également hors du centre historique, notamment sur le campus Arnaud‑de‑Villeneuve, tandis que le bâtiment ancien conserve des fonctions cérémonielles, muséales et administratives. Classé monument historique, l'ensemble formé par l'ancien couvent Saint‑Benoît, l'ancien évêché et la faculté de médecine illustre la continuité de l'enseignement médical à Montpellier et la richesse de ses collections scientifiques, architecturales et botaniques.