Origine et histoire 
Le fanum des Châteliers est un temple gallo-romain d'inspiration celto-romaine implanté sur l'oppidum des Châteliers, à Amboise (Indre-et-Loire). Daté du Haut-Empire et attribué à la seconde moitié du Ier siècle, il repose sur des niveaux antérieurs et présente un plan centré rare dans la région. Le sanctuaire se compose d'une cella carrée entourée d'une galerie, l'ensemble occupant le centre d'un péribole d'environ 45 mètres de côté ouvert à l'est. Deux grands murs perpendiculaires montrent un parement en petit appareil avec chaînage de briques et le mur nord est renforcé intérieurement par des arcs de décharge couchés destinés à répartir la poussée des terres. Des vases entiers découverts dans ce secteur sont interprétés comme des dépôts rituels. L'élévation en pierre de taille a presque entièrement disparu ; le sommet des murs conservés est protégé par un enduit moderne et certains murs, larges d'environ 0,90 m, témoignent du caractère monumental de l'édifice. Un bâtiment annexe se situe à l'angle sud-est de la cella et des fragments pouvant provenir de colonnes ont été mis au jour, tandis que des éléments décoratifs tels que des enduits peints aux motifs géométriques rouges, bleus et verts et une mosaïque de tesselles noires et blanches faisaient partie de l'ornementation du temple. L'état actuel du fanum résulte d'une reconstruction ou d'une reprise jusqu'au IIe siècle d'un édifice plus ancien ; une pièce de monnaie et un fragment de poterie trouvés dans le mortier d'un sol lié au temple permettent de situer une phase entre l'an 9 et l'an 16. La strate recouvrant ce sol contient des matériaux de démolition, ce qui suggère un abandon suivi d'un démantèlement et d'une récupération des matériaux, sans que l'on puisse préciser la date exacte de ces opérations dont les niveaux les plus récents sont attribués au IIe siècle. L'oppidum des Châteliers occupe un éperon formé par le confluent de la Loire et de l'Amasse, sur un plateau calcaire turonien situé autour de 100 m d'altitude et dominant la vallée d'une cinquantaine de mètres. Le site, habité de façon permanente depuis le Néolithique, est fortifié à l'est par un rempart de terre à la fin de La Tène et couvre environ cinquante hectares ; il témoigne d'une activité artisanale, cultuelle, domestique et peut‑être politique, et il a été vraisemblablement la capitale des Turones, le centre étant occupé par la Butte de César, probable tumulus de l'âge du bronze. Le fanum occupe une position proche du centre de l'oppidum, légèrement au nord-ouest de la Butte de César, à l'amorce de la pente nord du plateau. La concentration de temples sur ce secteur — d'autres fana de dimensions plus modestes ont été découverts au nord‑est en 1995 et en 2015‑2016 — ainsi que la présence d'un bâtiment public de grandes dimensions et de nombreux dépôts rituels indiquent que cette zone était réservée aux activités religieuses et communautaires sur au moins trois hectares. Une voie de circulation orientée est‑ouest longe peut‑être le mur nord et, de l'autre côté, une structure rectangulaire interprétée comme un bassin rituel avoisine le péribole. La première mention d'un édifice cultuel sur le plateau figure dans la Vie de saint Martin de Sulpice‑Sévère au dernier quart du IVe siècle, mais l'archéologie ne permet pas de relier avec certitude ce témoignage au fanum tel qu'il est connu. Les vestiges ont été découverts lors de sondages menés par André Peyrard en 1980, après des destructions liées à l'implantation d'un village de vacances dans les années 1970 ; des travaux illicites menés entre 1981 et 1986 ont compliqué l'étude du site. Les vestiges du fanum ont été inscrits aux monuments historiques en 1987, le terrain et ses abords ont été classés réserve archéologique après l'arrêt des travaux immobiliers en 1994, et une fouille réalisée en 1995 a permis d'identifier un second temple proche du premier. De nouvelles recherches menées entre 2005 et 2008 ont précisé l'architecture, le décor et les phases de construction, et ont mis au jour environ un tiers de la superficie du temple. Les investigations ultérieures et les trouvailles dans le secteur cultuel continuent d'alimenter les recherches sur l'organisation religieuse et urbaine de l'oppidum.