Origine et histoire de la ferme Cal Mateu
La Ferme Cal Mateu, située à Sainte-Léocadie dans les Pyrénées-Orientales, abrite aujourd'hui le musée de Cerdagne. Le corps de logis principal date du début du XVIIIe siècle ; les communs et dépendances correspondent à des aménagements et agrandissements légèrement postérieurs. Trois bâtiments s’articulent autour d’une cour intérieure triangulaire, fermée au sud par le corps de logis rectangulaire, élevé sur rez-de-chaussée, deux étages et combles. La façade sud est pourvue, au premier étage, d’une longue terrasse qui sert de galerie de circulation. À l’ouest, l’entrée donne sur un passage couvert suivi d’un escalier menant à l’étage. La toiture présente des détails remarquables : trois épis de faîtage, une girouette ornée d’une croix fleurdelisée et, aux extrémités des quatre arêtiers de croupe, des masques en terre cuite vernissée appelés espantes bruixes, figurant des têtes d’hommes barbus. À l’intérieur, la distribution primitive semble avoir été conservée. Les communs comprennent les écuries, remises et granges ; leurs ouvertures sont encadrées de blocs de granit avec des linteaux monolithes, et les chaînages d’angle sont également appareillés en granit. Le gros œuvre est constitué de moellons de schiste. Le domaine est lié à la mise en place de la frontière après 1659 et, dès 1689, la maison de la famille Sicart, qui assura la charge de viguier de Cerdagne pendant quatre générations, fut un lieu de pouvoir et de représentation de la royauté française pendant un siècle. Redevenue exploitation agricole après la Révolution, la ferme fut incendiée en 1810 lors des guerres napoléoniennes contre l’Espagne, puis vendue à Mateu Riu, marchand barcelonais qui en fit sa résidence d’été, d’où le nom Cal Mateu. Des travaux sont attestés, notamment la pose d’épis de faîtage en 1826 et l’installation des masques de céramique aux angles de la toiture. L’exploitation agricole a perduré ; Jacques et Marie Bragulat en prirent la charge en 1952 et cessèrent l’activité à leur départ à la retraite en 1994. La commune a acquis le domaine en 1982 et il est devenu un musée à partir de 1992. L’ensemble comprenant les façades et toitures, y compris la galerie de circulation, fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 21 décembre 1984.