Origine et histoire
Le bâtiment est un ancien manoir converti en ferme, doté d’un portail de type breton comprenant une porte charretière et une porte bâtarde. Ce portail présente des moulurations et des accolades aux rampants garnis de crochets. L’ensemble, qui a servi à la fois de résidence seigneuriale et d’exploitation agricole, se situe entre Tréguier (à 850 mètres) et le bourg de Minihy-Tréguier (à 600 mètres). Une partie des archives de la seigneurie de Kernabat est conservée aux Archives départementales des Côtes-d’Armor sous la cote 2 G 250. La réformation de la paroisse de Ploulantréguier de septembre 1437 mentionne un métayer, Jehan Lohogat, au service de Jehan David en son manoir de Kernabat. En 1481, un certain Geffroy Le Lagadec, sieur de Kernabat, figurait à la montre de Tréguier comme archer porteur d’une brigandine et disposait de 200 livres de revenu ; en 1503 il comparut accompagné de deux archers « bien montés et armés de brigandines ». La seigneurie a ensuite appartenu aux familles du Cosquer (François du Cozkaer en 1677) puis Morinière. Le toponyme Kernabat apparaît sur le cadastre de Tréguier de 1834 et, en breton, signifie « lieu habité par l’abbé »; l’Institut géographique national a également retenu la graphie Kernabat. À proximité se trouvent le manoir de Keroudot, le placis de la fontaine Houdot, une ferme dite de métairie de Kernabat, une fontaine de dévotion et un routoir. Le logis manorial est très vraisemblablement datable de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, mais il a été profondément remanié au cours de la première moitié du XIXe siècle (1811). Le Chevalier de Fréminville, dans Antiquité de la Bretagne. Côte-du-Nord (1837), décrivait la maison principale dans un style qu’il qualifiait de gothique, signalait une tourelle hexagonale renfermant une belle vis en pierre, et évoquait une cour carrée entourée d’une forte muraille flanquée à chaque angle de tours rondes alors à demi ruinées ; il interprétait le nom de Kernabat comme l’indice d’une dépendance aux évêques de Tréguier qui y prélevaient un droit de péage sur la navigation. Le portail a fait l’objet d’une inscription au titre des Monuments historiques en 1931. Le manoir a été photographié en 1973 et 1974 dans le cadre du pré-inventaire de la commune de Minihy-Tréguier (alors que l’édifice relevait administrativement de Tréguier) et apparaît, sur ces clichés, en exploitation agricole.