Origine et histoire
La ferme de l'Église forme un vaste quadrilatère jouxtant l'église de Boissei-la-Lande (Orne). Elle rassemble un manoir du XVIe siècle, dont subsiste une tour d'escalier percée de meurtrières, un manoir du XVIIe siècle, des bâtiments de communs, les vestiges d'une motte féodale, une grange dîmière et un pressoir, avec des traces de douves au nord. Le manoir du XVIIe siècle est un logis rectangulaire flanqué de trois tours carrées ; l'intérieur conserve un escalier en bois à deux volées et à balustres carrées. Au XVIe siècle, la seigneurie de Boissei appartenait à Pierre de Heudey ; sa fille Anne, mariée à Galois de Harcourt, céda la seigneurie à la famille du Viel des Parquets. Le manoir aurait été édifié par Lucas Viel, bourgeois d'Argentan et sieur des Parquets, anobli en janvier 1629 et qualifié de « seigneur et patron de Boissey ». Plusieurs membres de la famille Viel, dont Jean (curé de Boissei), Guillaume (avocat) et François (né en 1618, avocat), se succédèrent dans la seigneurie. La propriété resta dans la lignée des Viel jusqu'à Jean-Jacques-Sébastien de Viel de Raveton ; après son décès, le domaine passa dans la famille de Roncherolles, puis appartint aux familles Le Brun (XIXe siècle) et Gougeon (XXe siècle) jusqu'en 1968. En 1968 Madame Morice, unique héritière de Marie‑Louise Gougeon, vendit le domaine à un cultivateur, André Renaudin, qui cèda en 1977 la parcelle contenant la ferme à Pierrette Fesch. Pierrette Fesch entreprit la réhabilitation du site et créa en 1985 l'association « Boissei, jadis et devenir » pour poursuivre les travaux avec des bénévoles ; la restauration permit d'éviter la ruine. Les façades et les toitures des manoirs des XVIe et XVIIe siècles, l'escalier en bois du manoir du XVIIe siècle et la motte castrale ont été protégés au titre des Monuments historiques par arrêté du 22 janvier 1986. Des descriptions anciennes et les traditions locales signalent des tours aux toits aigus ornés d'épis en terre cuite et indiquent qu'au rez-de-chaussée se trouvaient la salle d'audience et divers locaux d'exploitation. On rapporte que la laverie servait d'abattoir, que l'actuel fournil donne accès à un réduit censé avoir abrité des oubliettes et que l'escalier, dit en « mollet d'abbé », s'ouvre face à la porte d'entrée. Les douves, alimentées jadis par une fontaine encore présente, se développent au nord-ouest et au nord-est ; la motte féodale au nord-est servait aux aveux seigneuriaux. Une tourelle ronde, d'environ 2,30 m de diamètre, utilisée comme escalier et percée de meurtrières, constitue la partie la plus ancienne et témoigne de l'ancien siège seigneurial du lieu.