Ferme de la Grand-Maison à Bécon-les-Granits en Maine-et-Loire

Patrimoine classé Patrimoine rural Ferme

Ferme de la Grand-Maison à Bécon-les-Granits

  • 16 Rue de la Concorde
  • 49370 Bécon-les-Granits
Propriété privée

Période

XVIe siècle

Patrimoine classé

Ferme de la Grand-Maison (cad. F 80) : inscription par arrêté du 24 octobre 1988

Origine et histoire de la ferme de la Grand-Maison

La ferme de la Grand-Maison se situe à Bécon‑les‑Granits, dans le département de Maine‑et‑Loire. L’édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1988. Autrefois implantée sur la grande route de Rennes, la Grand‑Maison est aujourd’hui bordée par une petite route de desserte qui, créée sous Napoléon III, se termine en sentier pédestre; la route desservait également le château du Bois‑Guignot, ce qui explique que l’entrée principale, avec sa grille ouvragée, se trouve à l’opposé de l’accès actuel. Le bâtiment conserve des murs en granit local doré et une toiture à deux pans entre des pignons à rondelis surmontés de grosses cheminées en schiste ardoisier; une tourelle carrée en avant‑corps a été réduite en hauteur. Ses baies à meneaux, aux fines moulures taillées dans le dur granit, témoignent d’une construction de la fin du XVIe siècle. À l’arrière se remarque un jeu de toitures particulier et un vieux puits carré à margelle ouvragée qui a perdu son pavillon en ardoise; ce puits était porté par une charpente à quatre piliers de bois, selon un modèle typiquement angevin. On ignore aujourd’hui l’emplacement de la chapelle évoquée en 1603 lors d’un service pour Perrine Ragot, dame de la Grand’maison, ainsi que celui de la grande avenue qui reliait la demeure au bourg de Bécon.

L’histoire des lieux est liée à plusieurs familles locales. Jeanne de la Marqueraye, morte en 1527, fut la première personnalité rattachée à la maison; elle épousa successivement messire Maurice Mesnard, sieur de la Gâlicheraie, puis René Ragot, président en l’élection d’Alençon, et fut la mère, notamment, de Perrine Ragot qui hérita ensuite de la Grand’maison. Perrine, probablement décédée très âgée le 18 octobre 1602, avait épousé René Garreau; leur fille Marie s’allia à Julien Besnard, notaire, et de cette branche naquit Françoise Besnard, baptisée le 24 avril 1585, qui épousa le 25 novembre 1611 Pierre Bodard, notaire de la baronnie de Bécon. Le couple s’installa à la Grand’maison où naquirent au moins deux fils en 1622 et 1625, André et Pierre; une pierre gravée « Pierre Bodard 1645 », encadrée de deux cœurs, se trouve aujourd’hui sur un petit bâtiment à l’arrière du logis et semble liée à l’un de ces événements familiaux.

André succéda à la charge notariale et Pierre fut procureur fiscal de la baronnie; un de ses fils eut pour parrain, en 1661, dom Jacques Gaultier, conseiller et aumônier du Roi. Une génération suivante, un troisième Pierre Bodard, sieur de la Grand’maison et officier au grenier à sel de Candé, occupa les lieux avant de s’installer en 1688 à la seigneurie de La Jacopière à Craon, propriété de son épouse, et de voir la famille s’éloigner de Bécon en 1692. La Grand’maison fut alors transformée en auberge et reçut divers visiteurs et événements documentés : le séjour de Jacques Stuart II au moment de sa fuite en France en 1690, le passage en 1691 d’un convoi de galériens dont l’un mourut sur place, ainsi que plusieurs actes de décès liés à des pensionnaires et hôtes de l’auberge. En 1766 est encore mentionnée la mort de Renée Houdet, dite hôte aubergiste « au lieu de la Grand’maison ».

En 1840 la propriété fut vendue à Sidonie Prévost de la Chauvelière, vicomtesse de Scépeaux, qui la rattacha aux exploitations agricoles du domaine du Bois‑Guignot; un lien familial entre les propriétaires successifs existe depuis au moins 1702, date d’un mariage entre une membre de la famille Bodard et René Joseph de Scépeaux du Bois Guignot. La dernière famille de fermiers connue fut la famille Neveu, qui quitta la ferme en 1962; l’inhabitation qui suivit provoqua une forte dégradation, l’édifice étant loué à un marchand de bêtes et subissant des dégradations dans ses ouvertures et ses aménagements. Aux environs des années 1990, une héritière du Bois‑Guignot sollicita l’inscription de la Grand’maison à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques, assurant une protection contre diverses menaces, puis entreprit sa restauration et son installation : toitures et planchers refaits, terres cuites nettoyées et remises en place, meneaux retaillés, portes et fenêtres rouvertes. Après trente ans d’abandon, la Grand’maison était de nouveau habitée en 1992.

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