Origine et histoire de la ferme de Troussures
La ferme de Troussures se situe à Sainte-Eusoye, au sud de la commune, près de la route départementale 151 entre Froissy et Noyers-Saint-Martin, à environ 165 mètres d'altitude. Il s'agit d'une ancienne ferme cistercienne dépendant de l'abbaye de Chaalis, composée d'une grange aujourd'hui en ruines et d'un pigeonnier autrefois protégé. Des sources médiévales attestent la présence d'une grange au XIIe siècle, avec des mentions en 1151 et 1198, et une sentence de 1383 évoque également la maison ou grange de Troussures. L'abbaye de Chaalis bénéficia d'une première donation de terres en 1146, puis de neuf autres donations entre 1149 et 1161 ; le domaine atteignait au Moyen Âge 280 hectares. Les moines convers chargés de l'exploitation de la ferme devaient alors parcourir deux jours de marche depuis l'abbaye-mère, au-delà de la journée préconisée par les statuts de l'ordre de Cîteaux. L'architecture et la polychromie intérieure indiquent qu'un incendie a ravagé la grange, ce qui explique la disparition de certains piliers de pierre et l'usage ultérieur de poteaux de bois en remplacement. La charpente avait cédé en plusieurs points, exposant les piliers aux intempéries, et une tempête en 1966 détruisit la couverture en tuiles plates ; depuis, les arcades se sont effondrées. Le décor architectural permet de dater la grange du XIIIe siècle ; elle mesurait 42 mètres de long sur 15 mètres de large et se composait de trois nefs, chacune subdivisée en neuf travées par des piles carrées aux angles abattus reposant sur des bases biseautées. Les chapiteaux, très simples, présentent un cavet et portaient de grands arcs en pierre en tiers-point ; l'accès se faisait par une large porte axiale dans le pignon nord, aujourd'hui murée, et par deux portes percées dans les murs gouttereaux. Le pignon sud comportait deux fenêtres hautes en tiers-point, aujourd'hui bouchées, un oculus quadrilobé surmonté d'un arc de décharge et, au rez-de-chaussée, une porte basse voûtée en axe flanquée de fenêtres étroites éclairant les bas-côtés ; l'ensemble des ouvertures a été muré pour des raisons de sécurité. Les pignons atteignaient environ 12 mètres de hauteur et les murs gouttereaux, en partie en bel appareil, mesuraient 3,25 mètres ; la porterie subsiste, sa façade extérieure étant revêtue d'un enduit ciment. À proximité s'élevait un colombier circulaire de 2,45 mètres de rayon, coiffé d'un toit en poivrière ; autrefois couvert d'ardoise, il avait conservé vers 1995 son échelle tournante et avait fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques en 1989. Ce pigeonnier a cependant disparu, détruit par les propriétaires vers 1995-2000.