Origine et histoire de la Filature
La filature, tissage et usine d'apprêt des étoffes de laine, située 2 rue des Echelettes à Elbeuf (Seine‑Maritime), forme un ensemble industriel en brique et pan de bois daté du XVIIIe siècle. Le bâtiment principal, long de dix‑huit travées, ne correspond aujourd'hui qu'à environ les trois quarts de l'édifice initial. Au début du XIXe siècle, l'atelier est surélevé d'un troisième étage et d'un grenier‑étente pour répondre aux besoins de production. Vers 1840, une machine à vapeur d'environ 20 chevaux est installée dans la partie est et une cheminée en brique témoigne de cette mécanisation. Des locaux maçonnés sont réalisés pour l'installation de la chaudière et de la machine, permettant l'alimentation de métiers mécaniques de filature tout en maintenant l'activité de tissage. En 1823 l'usine appartient au manufacturier Georges‑Paul Petou, originaire de Louviers, qui deviendra maire d'Elbeuf. Petou loue ensuite l'établissement aux sieurs Osmont et Boinard moyennant un loyer annuel de 9 000 francs. En 1853 l'usine est acquise par la famille Bellest. Edouard Bellest fait construire en 1865 un bâtiment destiné à la conciergerie, aux bureaux et au magasin industriel, qui abrite aujourd'hui une imprimerie. Vers 1880, Henri Bellest s'associe aux fabricants Clarenson et Lebret, et la société Bellest Clarenson et Lebret est constituée, la société anonyme étant formalisée en 1914. Sous l'action de Clarenson et Lebret, la production, jusque‑là tournée vers les articles unis, est diversifiée vers des « tissus nouveautés ». Ces nouveaux articles reçoivent des récompenses lors d'expositions internationales et une partie de la production est exportée, notamment vers l'Extrême‑Orient. L'atelier se mécanise encore : en 1855 la machine à vapeur est notée à 20 cv, une chaudière de forte capacité est mise en place en 1879, d'autres chaudières sont déclarées en 1900 et 1909, et 400 broches sont recensées pour la filature en 1900. En 1930 l'usine dispose de dix‑huit machines à fouler et à laver ; aujourd'hui ces équipements ont disparu. Les effectifs évoluent au fil du temps : environ 200 ouvriers en atelier au milieu du XIXe siècle, 368 en 1889 et 250 en 1946. Durant l'entre‑deux‑guerres l'établissement est repris par la société Barbedienne et Cie. Après 1918, Clarenson reste seul à la tête de l'usine jusqu'à sa fermeture en avril 1961. La partie ouest du bâtiment a été transformée en logements, sans résultat pleinement satisfaisant. La partie est de l'usine, protégée au titre des monuments historiques et propriété de la municipalité, est en cours de réhabilitation. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques le 13 janvier 1994.