Origine et histoire
La filature de Rochefort, située à Tinchebray-Bocage (Orne), occupe un ancien moulin à papier attesté au début du XIXe siècle. Devenu inactif en 1836, le bâtiment a été rehaussé d'un niveau en 1870 par l'industriel Leroy pour être transformé en filature de laine. En 1870, l'établissement fonctionnait avec 300 broches ; vers 1880, il employait quatre ouvriers. La production a cessé en 1960. En 1923, l'usine produisait de l'électricité pour l'éclairage. L'intérêt du site porte moins sur son architecture que sur l'ensemble exceptionnel de machines conservées, couvrant toute la chaîne productive depuis l'arrivée des balles de laine jusqu'à la sortie des fils. On y retrouve le batteur, le loup, des cardes, des bancs à broches, des renvideuses et des retordeuses, ainsi que l'ensemble des outillages et équipements annexes. Les machines travaillaient des laines venues de Bretagne ; après la Première Guerre mondiale, elles furent principalement employées à la préparation de nappes destinées à la fabrication de couvertures de lit. Le processus de filage est complet : la laine lavée est débarrassée des poussières dans le loup, lubrifiée, montée sur la carde préparatoire puis sur la carde fileuse qui fournit notamment 25 fils ; le renvideur donne la torsion avant l'enroulement sur fuseaux, et la retordeuse réalise des fils à deux, trois ou cinq brins pour la laine à tricoter. Le site conserve également ses installations hydrauliques : un bassin de retenue et sa vanne, un canal d'alimentation et ses vannes, un canal d'amenée et les vestiges d'une roue hydraulique par en dessus. Un important dossier de l'Inventaire général du patrimoine industriel documente la filature de Rochefort, qui a été inscrite au titre des monuments historiques en 1991 avec ses outillages, son équipement et ses installations hydrauliques.