Origine et histoire de la Fonderie de canons
La fonderie de canons, aujourd'hui Institut catholique de Toulouse, occupe le 31 rue de la Fonderie, dans le quartier des Carmes ; c’est cette ancienne implantation qui a donné son nom à la rue. Le site était à l’origine celui du couvent des Clarisses, reconstruit au XVe siècle en ville après la destruction des faubourgs, puis largement remanié en 1658 ; la communauté, appelée au XVIIe siècle les Clarisses du Salin, fut supprimée à la Révolution et ses bâtiments devinrent biens nationaux. En 1793 la Convention ordonna la création d’un arsenal destiné à l’armée des Pyrénées et la fonderie de canons fut installée dans l’ancien couvent, remanié pour sa nouvelle destination et dirigée par Dupont, commissaire des fontes de la Marine. L’établissement fut progressivement agrandi par acquisitions de bâtiments contigus ; on y aménagea notamment deux longs couloirs appelés « ventouses » où furent installés trois fours circulaires, cheminées, ateliers techniques et rampes d’accès pour trinqueballes. Jean Abadie, recruté par Dupont, participa à l’organisation de la fonderie et de la moulerie, puis l’exploitation passa aux entrepreneurs Bertha et Lehodry ; Bertha conserva la direction au début du XIXe siècle. En 1800, pour compenser la diminution des commandes, Jean Abadie fit établir à proximité un laminoir et des martinets pour le cuivre, actionnés par huit moteurs hydrauliques alimentés par le canal de fuite du moulin du château. L’organisation industrielle de l’établissement fut consolidée en 1816 sous la direction d’Adolphe Mather, avec l’installation d’une forerie horizontale conçue d’après les plans de Jean Abadie, et une nouvelle forerie fut projetée en 1824 ; une forerie ajoutée en 1825 laisse encore des traces sur une longueur d’environ 70 mètres. La fonderie cessa son activité en 1866 ; ses bâtiments furent rachetés par souscription puis transformés en université en 1877, et acquis par l’Institut catholique en 1879 (nos 27 et 31). D’importants travaux furent menés par l’architecte Henri Bach dans le dernier quart du XIXe siècle, puis vers 1930 par Pierre Fort ; la chapelle avait déjà été restaurée au XIXe siècle par Henri Bach. Les dépendances de la cour basse, qui abritaient fours et installations de la fonderie, ont été réaménagées en salles d’exposition ; on y observe aussi une portion de rempart antique de plus de 70 mètres, datant de la fin du IIIe siècle. Le bâtiment est construit en brique, avec des parties en béton et un enduit partiel ; la couverture associe tuiles creuses et ciment. Parmi les ornements intérieurs figure une grande fresque de Marcel Lenoir, peinte entre 1920 et 1923 et intitulée « Le couronnement de la Vierge », ainsi qu’une belle composition du XVIIIe siècle qui forme l’entrée de l’Institut. Les vestiges de la fonderie situés dans la partie basse du bâtiment ouest et dans les ailes en retour, comprenant fours, ventouses, cheminées, ateliers techniques et rampes d’accès pour trinqueballes, ont été inscrits au titre des monuments historiques le 12 avril 1996 ; la portion de rempart gallo-romain présente sur le site a été classée le 11 décembre 1963.