Origine et histoire
La fontaine Bartholdi se situe place des Terreaux, dans le 1er arrondissement de Lyon. Elle a été conçue par Frédéric Auguste Bartholdi et réalisée par les fonderies Gaget, Gauthier et Cie, puis présentée à l'Exposition universelle de 1889. Érigée place des Terreaux en 1892, elle porte initialement le nom de « Char triomphal de la Garonne » et son appellation officielle est « Les fleuves et les sources allant à l'océan ». Le projet trouve son origine dans une commande de Bordeaux en 1857, pour laquelle Bartholdi avait été choisi, mais la ville n'a pas donné suite. Après l'inauguration de la statue de la Liberté à New York, Bordeaux a de nouveau sollicité Bartholdi en 1886 ; il finalisa son Char triomphal, mais la municipalité renonça définitivement au projet. Bartholdi fit réaliser l'œuvre par Gaget & Gauthier en 1888 et l'exposa en 1889, où le maire de Lyon, Antoine Gailleton, en confia l'achat au député Édouard Aynard. Le conseil municipal lyonnais accepta l'acquisition en juillet 1890 pour 100 000 francs ; Bartholdi visita Lyon à l'automne, écartea plusieurs emplacements puis choisit la place des Terreaux. La fontaine remplaça la fontaine de Tourny, déplacée place Guichard, et fut installée côté ouest, face à l'hôtel de ville ; elle fut inaugurée le 22 septembre 1892. En 1992, des travaux liés à la création d'un parking souterrain entraînèrent un réaménagement de la place par Christian Drevet et Daniel Buren, au cours duquel la fontaine fut déplacée pour des raisons architecturales. Les concepteurs la positionnèrent au nord de la place, face au musée des Beaux-Arts, afin de suggérer l'écoulement des eaux de la Croix-Rousse vers le Rhône et la Saône. La fontaine Bartholdi a été classée monument historique le 29 septembre 1995 et inaugurée une seconde fois. Une restauration, envisagée dès 1968 puis relancée en janvier 2015, a réellement débuté en mars 2016 pour un budget de 2 750 000 euros en raison d'une ossature métallique rouillée, d'une peau de plomb déformée et de fissures. L'appareil hydraulique présentait également des défaillances, notamment au niveau des naseaux des chevaux ; l'intervention visait à pérenniser l'œuvre et à redonner lisibilité et vivacité à la sculpture. Après renfort de la structure interne, les éléments furent démontés en mai et juin 2016 puis transportés à l'atelier de restauration de la fondation de Coubertin en Île-de-France pour huit mois de travaux et trois mois de remontage. Les travaux furent achevés fin 2017 avec la pose de la tête d'Amphitrite le 3 octobre, et la fontaine fut inaugurée et remise en eau le 22 mars 2018. L'ensemble pèse au total 360 tonnes : deux bassins et une statue de 21 tonnes reposent sur une armature de fer réalisée par les ateliers Moisant, et la statue est revêtue d'une peau de plomb. Ce revêtement est décrit comme constitué de deux feuilles superposées : une feuille de plomb d'une épaisseur comprise entre 1 et 1,5 mm et une feuille en alliage plomb-étain de 4 à 5 mm ; une autre indication mentionne une peau de 4 mm. La statue mesure 4,85 m de haut, son envergure est de 9 m et le diamètre total atteint 15 m ; on relève 9,33 m entre les pieds des chevaux extérieurs et 9,50 m entre le bord de la vasque haute et les naseaux des chevaux centraux. On distingue des griffes sur les sabots des chevaux et de l'eau vaporisée jaillit des naseaux, soulignant la prouesse technique des chevaux en porte-à-faux. La technique employée, héritée de l'orfèvrerie et de la cuivrerie d'art, associe une ossature métallique sur laquelle sont fixées six plaques de plomb préformées, puis des retouches par repoussé et ciselage. Le groupe sculpté est une allégorie : Amphitrite incarne la France, accompagnée d'un enfant, et dirige un quadrige tiré par quatre chevaux marins qui représentent les grands fleuves. Commandée à l'origine par Bordeaux, l'œuvre symbolisait la Garonne (Amphitrite), la Dordogne (l'enfant) et leurs principaux affluents. De style mêlant classicisme et baroque, la fontaine se distingue par son réalisme, son dynamisme et l'utilisation spectaculaire des jeux d'eau : cinq jets entrecroisés alimentent une conque dont le débordement fait vibrer les tons du métal, tandis que les naseaux pulvérisent de l'eau. Alimentée initialement par le réseau d'eau de la ville, elle a été équipée en 1907 d'un circuit fermé avec pompe centrifuge et moteur électrique, dispositif alors nouveau qui permettait d'économiser l'eau.