Origine et histoire de la fontaine d'Adam et Ève
La fontaine dite d'Adam et Ève se trouve dans le centre-ville de Riom, rue Sirmon, et est plaquée contre le mur d'une maison à l'angle de la rue Gomot. Elle est réalisée en pierre de Volvic et date du milieu du XVIIe siècle selon l'analyse stylistique de ses éléments sculptés. Sa composition met en scène deux cariatides formant pilastres : l'une représente le torse d'un homme nu, l'autre celui d'une femme nue, tous deux les bras croisés sur la poitrine. Chacune des figures sort d'une gaine ornée d'une guirlande de fruits et repose sur un socle ; elles supportent une partie d'entablement avec amorce de fronton. Entre leurs socles se trouve la margelle et le bassin de la fontaine. Au-dessus du bassin, un mascaron d'où jaillit l'eau sert de fontaine ; le trop-plein s'écoule par les oreilles du mascaron. Plus haut se lisent, par ordre d'élévation, deux branches croisées liées par un ruban, un cadre rectangulaire entourant une inscription gravée sur une plaque de marbre noir, puis un cartouche aux armes de Riom figurées avec deux étoiles. Une inscription précise que la fontaine a été reprise en 1714. Le nom populaire « fontaine d'Adam et Ève » vient du couple sculpté, mais il est inexact car les torses portent un nombril. L'ouvrage relève du style de la Seconde Renaissance, d'inspiration italienne, bien qu'il ait été réalisé au XVIIe siècle. L'histoire de l'alimentation en eau de Riom éclaire la création de cette fontaine : en 1277 l'abbé de Mozac, Pierre de la Ferté Chauderon, concéda aux consuls de Riom le droit d'exploitation de la source de Dragonescha à Saint-Genès-l'Enfant pour l'alimentation de la ville, contre 140 livres tournois. Selon Matthieu Perona, la découverte d'éléments de canalisation en terre cuite atteste d'importants travaux d'adduction à la fin du XIIIe siècle. La source était probablement proche de la pisciculture de Saint-Genès, où se trouve une petite maison en pierre de Volvic, la chapelle des eaux, dont le tympan porte le blason de Riom et la date 1654. En 1644, le circuit d'alimentation des fontaines de la ville fut réaménagé, vraisemblablement à la suite de la grande peste de 1631, et la ville ne comptait alors que quatre fontaines ; les conduites de l'aqueduc reliant la source de Dragonescha furent remplacées par des canalisations en pierre de Volvic. La construction de la fontaine intervient au milieu du XVIIe siècle après ces travaux ; son édification a été attribuée au sculpteur Jean Languille ou à son fils Guillaume. Elle a fait l'objet d'une restauration en 1714. Le père mariste Jean Bonnet dénombra 62 fontaines à Riom dans son étude de 1796. La fontaine d'Adam et Ève a été classée au titre des monuments historiques le 15 novembre 1913. Une inscription latine encadrée sur plaque de marbre noir a suscité diverses interprétations ; le père Bonnet y a vu l'annonce de l'arrivée d'une eau pure et potable venue de Saint-Genès-l'Enfant après les épisodes de peste. Bibliographie citée : François Werner, « La fontaine d'Adam et Ève », Riom, Chamalières, Éditions Canope, 1990, p. 135-136.