Origine et histoire
La fontaine Clémence Isaure, dite La Poésie romane, est une œuvre de Léo Laporte-Blairsy située place de la Concorde, dans le quartier des Chalets à Toulouse. De style Art nouveau, elle associe motifs floraux (églantines, violettes, soucis) et motifs animaliers en bronze (tortues, libellules, grenouilles), allégories de l'esprit des sources, à des formes épurées et géométriques, avec une vasque de marbre et un hennin marquant la figure. La statue, disposée au sommet d'une colonne au centre du bassin, se tient debout, drapée d'une robe simple et fluide ; sa sensualité discrète évoque le corps féminin et le lien entre la terre et les hommes. La fontaine a été financée par un don d'Octave Sage, pharmacien de la place, le 10 mai 1905 ; son but était à la fois esthétique et utilitaire. Un concours organisé en 1910 fut remporté par Léo Laporte-Blairsy, l'architecte Guitard et l'entrepreneur Portet. Une première maquette montrant le personnage tête nue fut rejetée par la population ; le hennin démesuré de la version retenue est peut-être une réponse sarcastique du sculpteur. Laporte-Blairsy essuya de vives critiques pour une représentation jugée fantaisiste, mais, selon Pierre Salies, la statue devait être une allégorie de la poésie romane plutôt qu'un portrait de Clémence Isaure. La fontaine fut inaugurée le 3 mai 1913, à l'occasion de l'anniversaire des premiers jeux floraux. À son inauguration, la modernité de la statue choqua de nombreux Toulousains qui ne reconnaissaient pas l'image de Clémence Isaure déjà représentée à l'Académie des Jeux Floraux, à l'Hôtel d'Assézat. La nouvelle statue visait cependant à restaurer une image médiévale jugée plus conforme sur le plan historique. L'évêque de Toulouse, qui avait d'abord envisagé d'interdire la statue, se laissa convaincre et toléra finalement sa présence. Comme d'autres sculptures de bronze de la ville, elle fut démontée en 1942 pour échapper à la réquisition et à la fonte, puis retrouvée intacte à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Chaque 31 décembre, les habitants du centre-ville et du quartier fleurissent la statue pour le 1er janvier ; les fleurs, non coupées, sont déposées sur l'eau et flottent. Les grenouilles grimpant sur la colonne établissent un lien avec l'eau et suggèrent une ascension symbolisant le renouveau. Le centenaire de la statue a été fêté par les habitants et la tradition du fleurissement perdure ; il est question de repeindre la statue pour lui rendre ses couleurs d'origine. Le bassin comporte des ornements en bronze et plusieurs plaques, notamment un legs Sages aux Jeux Floraux de la ville de Toulouse accompagné du blason de la ville, des représentations en bronze du cloître du musée des Augustins, du Pont-Neuf et du Pont Saint-Pierre avec son ancien tablier, ainsi que des inscriptions poétiques en français et en occitan, extraits de Pipert et de Mengaud.