Origine et histoire de la fontaine
Une fontaine est une construction, souvent munie d'un bassin, d'où jaillit de l'eau. Elle peut être naturellement alimentée par une source ou intégrée à un réseau de distribution d'eau, qu'il soit d'aqueducs ou actionné par des pompes ; la fontainerie distingue par ailleurs fontaines, jets d'eau, nappes et cascades. Les fontaines ont joué un rôle sanitaire en limitant les risques liés aux puits contaminés et ont parfois servi d'abreuvoirs. Le fontainier était chargé de l'entretien, des réparations et, selon les besoins, du dégivrage hivernal. En milieu urbain, elles constituent encore des éléments d'ornement et d'agrément dans les parcs et jardins. Le terme « fontaine » désigne d'abord le lieu d'une source, image évoquée par la fontaine de jouvence. Il s'applique aussi à l'édifice qui recueille et met en scène l'eau, ainsi qu'à des récipients domestiques ou à des robinets ; par extension, on parle parfois de fontaines pour des dispositifs de distribution alimentaires ou autres, et le mot a été employé pour désigner les fonts baptismaux. Dès l'Antiquité, les civilisations bâtissaient des bassins de pierre pour capter et conserver l'eau potable, comme l'atteste un bassin sculpté découvert dans le temple de Ningirsu à Lagash. Les Égyptiens mirent au point des systèmes pour élever l'eau du Nil, mais aucune fontaine élevée n'a été retrouvée chez eux. Les Grecs anciens utilisèrent des aqueducs pour alimenter par gravité des fontaines à partir de sources et de rivières, attestées dans des cités comme Athènes et Corinthe. Les Romains développèrent de vastes réseaux d'aqueducs amenant l'eau des montagnes et des lacs pour alimenter fontaines, thermes et campagnes ; leurs ingénieurs employèrent des tuyaux de plomb et savaient produire des jets par charge hydraulique. Les fouilles de Pompéi montrent des fontaines de rue, des bassins et des fontaines d'atrium dans les demeures aisées. Selon le consul Frontin, Rome comptait de nombreux nymphées monumentaux et des centaines de bassins publics alimentés par plusieurs aqueducs, aux côtés d'innombrables petites fontaines et niches décoratives. Au Moyen Âge, les puits et les citernes prirent souvent le pas, les aqueducs anciens ayant décliné et laissant subsister des fontaines surtout près de sources naturelles. Les monastères abritaient des lavabos et des fontaines de cloître, et des fontaines ornaient parfois jardins de palais et espaces de dévotion. Les fontaines médiévales étaient fréquemment sculptées de scènes bibliques, allégoriques ou civiques, comme le montrent la Fontana Maggiore de Pérouse et la Belle Fontaine de Nuremberg. À partir des XIIIe–XIVe siècles, la croissance urbaine nécessita la conduite des eaux par des troncs creusés vers des fontaines munies de bassins et de trop-pleins qui alimentaient aussi les lavoirs et nettoyaient les rues. La Renaissance marqua un renouveau des fontaines, porté par la redécouverte des textes romains et des traités d'architecture et d'hydraulique ; le De re aedificatoria de Leon Battista Alberti devint une référence pour les concepteurs de jardins et de fontaines. En Italie, des papes et des artistes multiplièrent les réalisations urbaines, parmi lesquelles la Fontana dell'Acqua Felice, la Fontana dell'Acqua Paola et la fontaine de la place Santa Maria in Trastevere, enrichies par des interventions successives de Bramante, Bernini et des Fontana. En France, des exemples notables de la Renaissance sont la Fontaine des Innocents et la fontaine de Diane au château de Chenonceau. Les XVIIe et XVIIIe siècles constituent l'âge d'or des fontaines monumentales, riches en sculptures et en jeux d'eau ; les mostra romaines, les bassins de Versailles et les ensembles de Peterhof en sont des exemples caractéristiques. Parallèlement, subsistèrent des fontaines rurales et des fontaines de dévotion plus modestes. Aux XIXe et XXe siècles, face à l'urbanisation, des villes comme Londres et Paris firent construire aqueducs et nouvelles fontaines pour l'approvisionnement en eau ; Napoléon remit en service ou commanda certaines fontaines, comme la Fontaine du Palmier. L'apparition généralisée des réseaux de canalisations entraîna ensuite la disparition ou la transformation de nombreuses fontaines, surtout en milieu urbain. Une fontaine comprend généralement des fondations, un pilier ou borne accueillant la conduite et le goulot, un ou plusieurs bassins ou vasques avec écoulement et trop-plein, ainsi qu'un piédestal sculpté et divers ornementations ; il existe aussi des formes à pompe, à rigoles pour abreuver le bétail, des cascades à gradins, des fontaines adossées à une façade et des lavoirs associés. Des fontaines célèbres ornent de nombreuses villes du monde, parmi lesquelles la fontaine de Trevi et la Fontaine des Quatre-Fleuves à Rome, les fontaines Wallace à Paris, la fontaine Bartholdi à Lyon, la fontaine Bethesda à New York, le Jet d'eau de Genève et la grande cascade de Peterhof. L'eau jaillissante des fontaines a longtemps inspiré chansons, proverbes et images apaisantes, comme en témoigne la chanson « À la claire fontaine... » et les nombreuses expressions populaires liées au motif de la fontaine.