Origine et histoire de la fontaine de Saint-Bieuzy
La fontaine de Saint-Bieuzy, située rue de Kervern à Bieuzy (Morbihan), est un édicule gothique flamboyant du milieu du XVIe siècle construit pour la famille Rimaison, dont le blason figure sur la base du fleuron et sur la base de la niche. Protégée par un enclos dallé avec une entrée au sud bordée de piliers, elle présente un pignon à rampants sculptés portant des crosses et une ouverture encadrée par une archivolte. L’arc à cintre surbaissé, sous une accolade ornée de choux et de crochets reposant sur des masques humains, est amorti par un fleuron aujourd’hui disparu. L’édicule en pierre de taille abrite une niche ornée d’une coquille Saint-Jacques qui contenait autrefois la statuette de saint Bieuzy, disparue depuis 1974, ainsi que des statuettes qui surmontaient les colonnettes d’angle. À l’extérieur, côté sud, se trouvent un lavoir et trois petites auges destinées à abreuver les animaux. Selon la tradition, la fontaine est associée au culte de saint Bieuzy, réputé guérisseur de la "rage" ou "mal de saint Bieuzy". D’après la légende rapportée par l’hagiographe Guy Autret de Missirien, Bieuzy et Gildas le Sage séjournèrent en 538 dans une grotte sur les bords du Blavet ; vers 570, un épisode miraculeux raconte qu’un seigneur, furieux après le refus de Bieuzy d’interrompre sa messe pour soigner des chiens enragés, lui porta un coup qui laissa l’outil planté dans son crâne, Bieuzy achevant sa messe puis se rendant à pied à l’abbaye de Rhuys où il trouva la mort sous la bénédiction de Gildas. La tradition ajoute que Bieuzy aurait passé une nuit à Bieuzy-Lanvaux avec la hache toujours enfoncée dans le crâne et que la source liée à ce lieu aurait le pouvoir de guérir la rage des animaux et les maux de dents des hommes, à la condition de faire trois fois le tour de l’édicule la bouche pleine d’eau. La fontaine est mentionnée dès 1125 dans le Cartulaire de Redon et fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 25 février 1928.