Origine et histoire de la fontaine des Tritons
La fontaine des Tritons, dite aussi fontaine des Phocéens, est une fontaine communale de Nice située dans le jardin Albert-Ier, près de l'avenue des Phocéens et dans l'axe de la rue Saint-François-de-Paule. Elle se compose d'un groupe de quatre tritons en marbre blanc portant une vasque qui alimente une conque, dont un filet d'eau retombe dans un bassin circulaire posé au sol. L'auteur de l'œuvre est inconnu ; les tritons ont été ramenés de Grèce par un membre de la famille Lascaris et appartenaient au commandeur Arson, qui les remit au conseiller municipal Brémond pour réaliser une fontaine. Le groupe apparaît pour la première fois en public au cours du premier quart du XIXe siècle, ornant une fontaine en pierre de taille sur la place Saint-Jean-Baptiste, à l'emplacement actuel de l'entrée du lycée Masséna. En novembre 1852, la fontaine de la place fut démolie pour améliorer la circulation ; les tritons furent cependant sauvegardés et entreposés au Collegio Convitto Nazionale. Au début de 1858, la presse locale se demanda où se trouvaient ces sculptures, alors parfois appelées griffons ou sphinx. Ils réapparurent en novembre 1866 et furent installés sur la nouvelle fontaine du square des Phocéens ; fin mai 1868 l'installation du bassin en marbre de Carrare fut achevée et, le 13 décembre 1868, la fontaine reçut une grille de protection en fer forgé. En 1890, le Paillon fut recouvert par une voûte de béton et, en 1893, le Jardin Public fut agrandi sur cette dalle de couverture, incluant le square où la végétation était devenue luxuriante ; pour créer la future voie de communication — aujourd'hui avenue des Phocéens — la quasi-totalité des arbres du square fut abattue, y compris les bouquets d'eucalyptus qui entouraient la fontaine. La faible épaisseur de terre sur la couverture bétonnée du Paillon la priva alors définitivement de son environnement végétal d'autrefois. Durant la Seconde Guerre mondiale, la fontaine fut démontée et mise à l'abri dans le jardin de la villa Paradisio ; après la Libération elle retrouva son emplacement dans le jardin Albert-Ier, mais sur une aire désormais à découvert et sans son charme d'antan. La fontaine est classée monument historique le 25 août 1920. On peut citer d'autres fontaines consacrées aux tritons, notamment la fontaine du Triton de Gian Lorenzo Bernini (Piazza Barberini, Rome, 1642), la fontaine des Tritons d'Vaclav Render (Olomouc, place de la République, 1709), la fontaine des Tritons de Francesco Bizzaccheri (Place Santa Maria in Cosmedin, Rome, 1715) et la fontaine du Triton de Carlo De Veroli (Piazza Cavour, Naples, début du XIXe siècle). Des vues photographiques et documents graphiques existent, parmi lesquels une photographie de la fontaine au début du XXe siècle, un projet aquarellé et des vues prises depuis l'ouest et le côté nord.