Fontaine du Pont Joubert de Poitiers dans la Vienne

Patrimoine classé Patrimoine urbain Fontaine

Fontaine du Pont Joubert de Poitiers

  • Pont Joubert
  • 86000 Poitiers
Fontaine du Pont Joubert de Poitiers
Fontaine du Pont Joubert de Poitiers
Fontaine du Pont Joubert de Poitiers
Fontaine du Pont Joubert de Poitiers
Crédit photo : Daniel Clauzier - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XIVe siècle

Patrimoine classé

Fontaine en pierre du XIVe siècle : inscription par arrêté du 17 avril 1935

Origine et histoire de la fontaine du Pont Joubert

La fontaine du Pont-Joubert, parfois à tort appelée fontaine du Légat par confusion avec une autre située plus loin, est un petit édifice gothique de la fin du Moyen Âge posé au bord du Clain à Poitiers et jouxtant le pont médiéval qui lui a donné son nom. Elle abrite une source intarissable qui jaillit des falaises des Dunes et se déverse dans le Clain. L'édicule se présente sous la forme d'une simple voûte en arc brisé, surmontée d'un gâble sculpté de motifs du gothique flamboyant. Sur l'un des flancs figurent les armoiries du commanditaire, aujourd'hui illisibles, et deux armoiries ajoutées au fil de réparations successives. Les armoiries de Gaucher de Sainte-Marthe, gravées sur le fronton, portent la date de 1579. Au fond de l'édicule, au-dessus du bassin, subsistent les restes d'un cartouche baroque très sculpté portant d'autres armoiries et l'inscription SIRE RENE CITOYS MAIRE ; René Citoys fut maire de Poitiers en 1663. Une petite niche située au-dessus du bassin pouvait recevoir une statue. L'eau de la fontaine fut longtemps très appréciée, et le pavement de ses abords dut être refait à de nombreuses reprises selon les archives. Au XVIe siècle, Scévole de Sainte-Marthe lui consacra un poème et la nomma fontaine Louis, en référence à son frère alors maire ; les poètes de l'Université la surnommèrent aussi la « nymphette jobertine », rappel des nymphées antiques. La fontaine a failli disparaître à plusieurs reprises : en juin 1870 son architecture faillit être remplacée par une borne-fontaine en fonte, puis en 1899 un élargissement de la rue menaça son existence. Lors de ces travaux elle fut déplacée d'environ six mètres en avant sur le même axe et dans la même configuration, mais l'escalier changea de sens par rapport à l'état ancien visible sur la gravure de Viollet-le-Duc. Des cartes postales du début du XXe siècle montrent encore des lavandières utilisant la rigole de la fontaine. Aujourd'hui elle est entourée d'un petit jardin public. La fontaine est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 17 avril 1935.

Au Moyen Âge, une demi-douzaine de fontaines jalonnaient le Clain, généralement près des portes de la ville, parmi lesquelles celles de Tison, de Chasseigne, de Tabouleau rive gauche, et Saint-Cyprien, Pont-Joubert, Celle et Pape rive droite. La fontaine de la Celle se trouvait vers le milieu de la rue de la Croix-Rouge, sur le site de l'actuelle villa Les Fontaines ; appartenant aux religieux de l'abbaye Saint Hilaire-de-la-Celle, sa source avait un débit important et fut transformée à partir de 1809 par la construction d'un moulin à blé, puis aménagée en station de pompage à partir de 1838 pour élever l'eau jusqu'au plateau et la stocker au parc de Blossac. En 1849 la machine pouvait élever jusqu'à 700 m3 d'eau par jour, et en 1861 on y ajouta un moteur à vapeur permettant d'élever environ 1 500 m3 en 24 heures ; l'installation cessa de fonctionner en 1893 et la cheminée fut démolie, les bâtiments subsistent. La fontaine du Pape se situait à l'emplacement des Jardins du Clain-Nouveau ; l'origine de son nom est liée soit à la légende d'Urbain II, soit plus vraisemblablement à Guillaume Parthenay, surnommé « Pape », maire en 1405 et propriétaire de terrains riverains, appellation qui a peut‑être donné lieu à la confusion appelée « fontaine du Légat » pour le Pont-Joubert. Les eaux d'écoulement de la falaise passent aujourd'hui dans une canalisation avant de rejoindre le Clain.

La fontaine du Pont-Joubert apparaît sur plusieurs représentations anciennes : le plan gravé de Du Pinet (1564) et la vue de Joris Hoefnagel (édition de 1572) la mentionnent, de même que la grande vue de François Nautré de 1619 ; ces documents sont cependant fantaisistes et ne fournissent pas de rendu précis. Elle est dessinée vers 1817 par Claude Thiénon dans une veine romantique, gravée par Alphonse Le Touzé de Longuemar pour un article de 1857, et citée par Viollet‑le‑Duc dans son Dictionnaire raisonné, qui s'en sert pour illustrer l'exemple des petites fontaines bordant les routes. Des photographies prises vers 1880 par Alfred Perlat et les frères Neurdein montrent la fontaine avant son déplacement, et une carte postale de Jules Robuchon la représente vers 1900.

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