Origine et histoire de la Fontaine Maubuée
La fontaine Maubuée, située dans le 4e arrondissement de Paris, est l'une des plus anciennes fontaines parisiennes. Elle est mentionnée dans les lettres patentes du 9 octobre 1392 par lesquelles Charles VI tenta de mettre fin aux concessions particulières sur les eaux de Paris. Le nom Maubuée, littéralement « mauvaise buée » ou « mauvaise lessive », aurait été lié à la mauvaise qualité de l'eau provenant des sources de Belleville. La Commission du Vieux Paris attribue toutefois une autre origine au nom, celle d'Hugues Maubué, qui fit au XIIIe siècle une fondation au prieuré Saint-Martin-des-Champs dans la censive où se situe la rue de la fontaine-Maubuée. Une première fontaine existait dès la fin du XIVe siècle à l'angle de la rue Saint-Martin et de la rue Simon-le-Franc, attenante à une maison appartenant à la ville. Elle était destinée à alimenter certaines concessions particulières à partir de l'aqueduc de Belleville et, à partir de 1673, reçut une partie de l'eau de la pompe du pont Notre-Dame. La fontaine actuelle a été reconstruite en 1733 par Jean Beausire et son fils Jean-Baptiste Augustin Beausire à l'angle de la rue Saint-Martin et de la rue Maubuée. La façade principale porte un bas-relief du XVIIIe siècle représentant un vase de style rocaille entouré de roseaux et de plantes aquatiques, surmonté d'un cartouche rectangulaire prévu pour une inscription qui n'a jamais été gravée, lui-même placé sous un larmier mouluré orné d'un écusson ovale aujourd'hui dépourvu d'inscription. La face latérale présente un panneau sans décor mais est également surmontée d'un larmier mouluré orné de la nef de la ville de Paris figurée par un navire à trois mâts et deux ponts percés de sabords. La fontaine fut démontée en 1930 lors de la destruction de l'îlot insalubre n°1, emplacement aujourd'hui occupé par le Centre Georges-Pompidou, et déposée derrière l'église Saint-Julien-le-Pauvre. Elle a été remontée en 1977, à l'occasion des travaux du plateau Beaubourg, à son emplacement actuel, à l'angle de la rue Saint-Martin et de la rue de Venise. Aujourd'hui, l'eau n'y coule plus. La fontaine Maubuée est aussi évoquée dans la littérature : François Villon la chante en 1461 dans son Testament (« A Maubué sa gorge arrouse »). Bibliographie et sources comprennent notamment Les Fontaines de Paris : L'eau pour le plaisir (Marie-Hélène Levadé, 2006), Paris et ses fontaines : De la Renaissance à nos jours (dir. Dominique Massounie et al., 1995), l'article « Une histoire d'eau : la fontaine Maubuée » de Christian Riondet-Genevier dans Paris historique n°144, l'ouvrage de Ruth Fiori et plusieurs portails consacrés aux bassins, fontaines et monuments historiques.