Origine et histoire de la Fontaine Médicis
La fontaine Médicis, située dans le jardin du Luxembourg à Paris, a été réalisée vers 1630 à la demande de la reine Marie de Médicis et confiée à l'ingénieur florentin Tommaso Francini. Sa façade, conçue comme une grotte, mesurait 14 mètres de haut sur 12 de large et comportait trois niches séparées par quatre colonnes toscanes, surmontée d'un fronton portant les armes de la France et des Médicis et jadis couronnée de trois pots à feu aujourd'hui disparus. Deux figures allégoriques couchées, Le Rhône et La Seine, sculptées par Pierre II Biard, encadraient la composition, et des murs en pierre avec de fausses arcades prolongeaient la grotte de chaque côté. Installée à l'est du jardin, elle masquait les bâtiments de la rue d'Enfer et, du XVIIe au début du XIXe siècle, le bassin devant la grotte centrale ne comportait pas de jeux d'eau. Après l'installation du Sénat, l'architecte Jean‑François Chalgrin fit restaurer la grotte par les sculpteurs Duret, Ramey et Talamona ; les armes d'Henri IV et des Médicis furent retirées et une petite Vénus en marbre prit place dans la niche centrale, tandis qu'une cascade alimentait désormais le bassin, transformant le portique italien en fontaine. Dans les années 1850 les murs latéraux furent démolis, puis, au début des années 1860 et en raison du percement de la rue de Médicis lié aux travaux du préfet Haussmann, la fontaine fut démontée pierre par pierre en 1862 et rapprochée d'une trentaine de mètres du palais, malgré de vives protestations et la destruction d'une partie des dépendances du Sénat. L'architecte Alphonse de Gisors rétablit les armes de la France, fit construire un bassin long d'une cinquantaine de mètres dont la rambarde est ornée de vasques, bordé par deux rangées de platanes, et fit remplacer la Vénus par le groupe d'Auguste Ottin intitulé Polyphème surprenant Galatée dans les bras d'Acis. Le groupe oppose la masse sombre et accroupie du cyclope, coiffé d'une peau de bête et observant le couple, à la blancheur langoureuse de Galatée et d'Acis allongés au bord de l'eau ; Polyphème est exécuté en bronze par la fonderie Thièbaut. Les niches latérales reçoivent une statue de jeune faune et une Diane chasseresse. Pour réaménager la façade arrière, Gisors adosse la fontaine de Léda, déplacée depuis l'angle des rues du Regard et de Vaugirard lors du percement de la rue de Rennes ; cette fontaine comporte un bas‑relief d'Achille Valois (1807) et un fronton décoré de deux naïades par Jean‑Baptiste‑Jules Klagmann. La fontaine Médicis est classée au titre des monuments historiques par la liste de 1889. Durant l'Occupation, en juin 1944, les Allemands la transformèrent en piscine d'été. Une restauration a été menée en 2020‑2021.