Origine et histoire de la fontaine Saint-Fursy
La fontaine Saint-Fursy est située à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) et a été inscrite au titre des monuments historiques en 1926. Elle se trouve au centre de la place de la Fontaine, dans le quartier du Cœur de ville, espace piétonnier du centre-ville. Selon la tradition, en 643 saint Fursy planta son bâton sur une pierre à Lagny-sur-Marne, faisant jaillir une source qualifiée de « miraculeuse ». La construction d'une fontaine est mentionnée dans les textes au XIIIe siècle, précisément en 1274 sous le nom de fontaine Saint-Foursi. La fontaine répondait aussi à l'affluence des foires de Champagne, dont la foire « des Innocents » qui se tenait à Lagny du 2 au 15 janvier. À l'origine, au XIIe siècle, le premier élément était la cuve, ornée de deux masques humains, d'un personnage la tête en bas et d'une harpie, posée sur une colonne; la face sud portait une fleur de lys et la face ouest un écusson uni. Ces sculptures n'évacuaient pas l'eau jusqu'en 1523, année où trois motifs en bronze furent posés sur la face nord, masquant d'anciennes décorations et projetant l'eau jusqu'en 1902. Située au centre de la place, la fontaine, d'environ 18 mètres de circonférence, servait d'abreuvoir et comportait une pierre à laver destinée au « menu peuple ». Son architecture a évolué au gré de réparations réalisées en 1523, 1603, 1787 et 1807. En 1902 la fontaine existante, jugée vétuste, fut remplacée; cette décision suscita des contestations. Le 2 mars 1899, une commission proposa de démolir la fontaine et d'élever une simple vasque en bronze; Émile-Gustave Cavallo-Péduzzi protesta le 21 juin 1902 et Jacques-Amédée Le Paire écrivit le 28 septembre en demandant l'arrêt du projet, appuyé par une pétition de 155 signataires réclamant une restauration dans le style du XIe siècle. Le ministre des Beaux-Arts refusa l'ajournement en précisant que certaines parties seraient conservées et remises, estimant que la fontaine conserverait ainsi son intérêt historique. Après cette restauration, l'édifice présente un fût à base carrée daté du XIIIe siècle surmonté d'un chapiteau cubique d'art roman orné de sculptures grotesques à chaque angle. Sur l'une des faces du chapiteau, trois bouches en bronze du XVIe siècle déversent l'eau dans le bassin : deux petites représentent un visage féminin aux cheveux relevés et la troisième un visage masculin, barbu, cornu, à la gueule de chien. La représentation du « Saint Clou », qui figurait depuis le XIe siècle, n'a pas été remise lors de la restauration de 1902. Une deuxième vasque, en partie supérieure, est alimentée par un jet en bronze daté de 1603, seul élément conservé lors de la dernière restauration, et sa calotte est ornée de cinq feuilles de vigne.
