Origine et histoire
La forge d'Ans est une ancienne forge située au lieu-dit la Forge-d'Ans, sur le territoire de l'ancienne commune de La Boissière-d'Ans, aujourd'hui intégrée à Cubjac-Auvézère-Val d'Ans, dans le nord-est de la Dordogne. Elle se trouve à proximité des ruines de l'ancien château d'Ans et utilisait la force motrice du Blâme, retenu par un barrage, juste avant sa confluence avec l'Auvézère. Créée à la fin du XVIIe siècle par Jacques-François de Hautefort d'Ajat, seigneur d'Ans, la forge se développe tout au long du XVIIIe siècle grâce à sa situation sur la « route des canons » desservant les arsenaux de La Rochelle et Rochefort. Transmise aux Bertin puis vendue par contrat en décembre 1791 à Jean Festugière, ancien gestionnaire, elle profite des guerres de la Révolution et de l'Empire pour se spécialiser dans la production d'artillerie. Durant cette période elle atteint son apogée et est considérée comme l'une des principales forges du Périgord ; le préfet de Dordogne la désignait alors comme particulièrement compétente dans la fabrication du fer. La mort de Jean Festugière en 1829 marque le début d'un déclin lié à l'artisanat encore archaïque des installations, peu capables d'innover face au modèle industriel anglais. Ce déclin s'aggrave avec les accords de libre-échange de 1860, et malgré une tentative de réorientation de l'activité en 1862 par un nouveau propriétaire, la forge cesse son activité en 1870. Certains membres de la famille Festugière ont tenté de poursuivre des activités industrielles ailleurs, évoquées dans les archives familiales et administratives. L'ensemble des éléments subsistants — maison de maître, parc, anciens hauts fourneaux, ancienne centrale électrique, moulerie et vannes hydrauliques — a été inscrit au titre des monuments historiques le 21 décembre 2018. En 2022, la forge figure parmi les sites de Nouvelle-Aquitaine retenus pour bénéficier de l'aide du Loto du patrimoine, avec une aide annoncée de 168 000 euros de la Mission Patrimoine.
Le domaine comptait autrefois de nombreux bâtiments dont certains ont disparu, ainsi qu'une halle à charbon visible sur les plans de 1810 et le cadastre de 1841, mais dont il ne reste rien. Les hauts fourneaux, unique élément subsistant des anciennes installations comprenant également une forerie et une affinerie, étaient alimentés selon les sources par le bois de la forêt Barade abattu à Reilhac. La maison de maître, bâtie entre 1791 et 1810 par Jean Festugière, comporte deux niveaux de sous-sol, un rez-de-chaussée, un étage et des combles ; le deuxième sous-sol comprend des salles voûtées et un tunnel menant au niveau de la forge, et le premier sous-sol abrite plusieurs salles voûtées dont une ancienne cuisine avec cheminée, rôtissoire, four à pain et potager. Un escalier extérieur monumental relie la maison au niveau de la forge. Les bâtiments de la moulerie font face aux hauts fourneaux ; au sud de ces vestiges se trouve une petite centrale électrique installée pour exploiter les installations hydrauliques de l'ancienne forge, non active mais conservant encore quelques éléments de machinerie. Le domaine conserve également une vanne, vestige des dispositifs hydrauliques destinés à réguler le débit d'eau pour les roues et les soufflets. Il est fermé au nord, au sud et à l'ouest par un mur de pierre complété au sud par une grille, et conserve deux anciens portails à l'ouest et au nord-ouest, ainsi qu'un troisième portail récent au sud-ouest, à l'extrémité du jardin.