Origine et histoire des Forges
Les forges de Moisdon-la-Rivière sont situées dans la commune éponyme, en Loire-Atlantique. En 1668, le prince Louis II de Bourbon-Condé, seigneur et baron de Châteaubriant, décida d'exploiter les richesses forestières et minières de sa baronnie ; le 2 décembre 1668, le Conseil des princes approuva la construction d'une « usine à fer » au lieu-dit Le Moulin Péan, au bord du Don, et Condé confia le projet au technicien René Saget. La Forge Neuve, d'abord appelée « Forge-Péan », fut conçue comme une usine à fer comprenant trois ateliers : deux hauts fourneaux pour produire la fonte — issue de la combustion du minerai, du charbon de bois et de la castine à 1600 degrés — une forge d'affinerie pour transformer la fonte en fer, et une fenderie destinée à fabriquer de grandes barres standardisées pour la construction et la marine royale ; ces barres constituaient l'essentiel de la production. Deux halles à charbon ainsi que des logements ouvriers et des maisons de maîtres complétaient l'ensemble. Le XVIIIe siècle marque l'apogée de la Forge Neuve, qui repose alors sur l'énergie hydraulique et le charbon de bois. Au XIXe siècle, l'industrialisation fondée sur le charbon de terre (la houille) et la vapeur modifia profondément les modes de production régionaux. Le traité de libre-échange de 1860 entre la France et le Royaume-Uni, signé par Napoléon III, fit peser une concurrence directe des produits anglais sur l'industrie métallurgique traditionnelle, entraînant le déclin de l'usine. La Forge Neuve ferma définitivement en 1869. À la fin du XIXe siècle, le site fut transformé en cidrerie, puis, dans les années 1920, en féculerie de pommes de terre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Forge Neuve servit de lieu d'internement : plusieurs centaines de réfugiés espagnols en 1939, puis 567 Tsiganes entre 1940 et 1942. En 1952, une société civile immobilière racheta le site, empêchant ainsi son retour au domaine privé, et il devint un lieu de loisirs et de promenades. Un premier musée ouvrit en 1984 dans l'ancienne halle à charbon, avant une rénovation complète en 2013.