Origine et histoire des Forges
Établies sur la rive du Doubs à Rans par un arrêt du Conseil du roi du 13 janvier 1705, les forges ont d'abord regroupé un haut fourneau, une forge et des feux d'affinerie, état décrit en 1790. L'ensemble est acquis vers 1798 par Léonard Caron puis intégré, dès 1854, à la société des Hauts Fourneaux, Fonderies et Forges de Franche-Comté. Pour en faire le centre principal de fabrication de la fonte et assurer l'approvisionnement de la « forge neuve » de Fraisans, l'usine est partiellement démolie et reconstruite entre 1854 et 1857. Reliées par une voie ferrée aujourd'hui disparue aux installations de Fraisans et à la mine d'Ougney, les forges exploitent un minerai d'abord extrait à Dampierre puis, dès 1846, à la mine à ciel ouvert d'Ougney. En 1857 fonctionnent trois hauts fourneaux au bois et deux au coke ; les fourneaux au bois, moins rentables, sont progressivement arrêtés et démolis vers 1870, si bien qu'en 1877 seul subsiste un haut fourneau au coke. L'usine cesse son activité en 1891. Des améliorations techniques sont attestées : récupération de la chaleur des gaz du gueulard pour la soufflerie en 1840 et, après les reconstructions des années 1850, deux machines soufflantes à six pistons en fonte actionnées par deux machines à vapeur de 100 ch. L'effectif passe de 27 ouvriers en 1840 à environ 250 en 1863, puis à 125 en 1878. Reprise par la société Distibois, l'usine est occupée de 1938 à 1976 pour la fabrication de charbon de bois ; cette entreprise aménage notamment un laboratoire au rez-de-chaussée du logement patronal. Une centrale hydroélectrique, portant la date de 1920, sert de bâtiment d'eau à l'entreprise jusqu'en 1976, puis retrouve une autonomie et reste la seule installation active en 1988, tandis que les autres bâtiments tombent en ruine. Certaines installations et équipements de Distibois ont été démontés ; subsistent des cuves, trois petits moteurs Oerlikon, un ventilateur Meidinger et deux pompes. Inscrits aux monuments historiques le 21 décembre 1984, les bâtiments industriels (à l'exclusion de la centrale) et le logement patronal (façades et toiture) constituent les vestiges protégés de ce site métallurgique, dernier exemple de haut fourneau au coke du Jura. Aujourd'hui, les bâtiments inscrits sont en partie désaffectés et dégradés, certains sans toiture.