Origine et histoire
Les Forges Mondière sont une ancienne usine de forge par estampage de lames de couteau située dans la vallée des Usines à Thiers (Puy-de-Dôme). Le site occupe le lit mineur de la Durolle, au cœur d'un secteur où les gorges sont les plus étroites, jouxtant en amont une ancienne annexe des forges Delaire et en aval l'usine du May. L'implantation industrielle remonte à un rouet attesté dès 1476; le bâtiment a ensuite accueilli une papeterie qui connut son apogée aux XVIIIe–XIXe siècles, puis une scierie à la fin du XIXe siècle. Transformée en forge en 1901, l'usine s'est spécialisée dans le forgeage par estampage des lames, procédés qui associaient presses à estamper, marteaux-pilons et poinçons pour tronçonner, former et marquer les pièces. Une annexe abritant le logement du directeur et les bureaux, datée 1914 sur le linteau, a été construite à proximité. L'usine a acquis une renommée dépassant la région, fournissant notamment des maisons reconnues de la coutellerie. Les activités ont cessé brutalement en 1984; la municipalité de Thiers a alors racheté le site dans l'objectif de le réhabiliter pour le musée de la coutellerie, projet finalement abandonné au profit d'autres usines de la vallée. À la fermeture, machines, turbine hydraulique et outillage sont restés en place, faisant des Forges Mondière un témoin matériel des techniques de production (machines, outillage, produits finis et semi-finis, matières premières). Le bâtiment présente une architecture industrielle insérée contre la roche, avec de vastes murs vitrés, une toiture en sheds percée de lanterneaux et des murs arrière appuyés sur le rocher; l'annexe des bureaux, située de l'autre côté de la rivière, est en moellons de granite avec toiture à longs pans et lucarnes. À l'intérieur, les ateliers conservent martinets, postes de trempe, machines à découper par poinçon, à refouler, à matricer, à marteler et à recuire, ainsi que établis et étagères contenant des lames et manches en attente de finition; des vestiges du coursier et d'une roue à aubes subsistent au sous-sol. L'usine a progressivement réduit sa dépendance à la force hydraulique en s'électrifiant dès le début du XXe siècle, mais la variabilité des débits de la Durolle et les crues ont profondément marqué l'activité industrielle de la vallée. Classées au titre des monuments historiques en 2002, les forges et leurs aménagements intérieurs ont été inscrits par arrêté le 14 juin 2002. Après l'achat communal, plusieurs projets de réhabilitation ont été étudiés sans aboutir; en 1985 un symposium de sculpture métallique a cependant engagé une mise en valeur artistique du secteur. À la fin de 2018, une portion du toit de l'annexe s'est effondrée et a été mise hors d'eau avant une démolition partielle de la couverture ; en décembre 2020 la structure était jugée en péril imminent et des étayages ont été mis en place en attendant des travaux. La municipalité a déclaré rechercher des financements pour sauvegarder l'édifice et a évoqué des projets d'animation et de réhabilitation intégrant la vallée des Usines. Les Forges Mondière, par leur état figé à la fermeture et la conservation de leur matériel, constituent un élément majeur du patrimoine industriel de Thiers et de la vallée de la Durolle.