Origine et histoire du Fort Belin
Le site du fort Belin, anciennement Châtel-Belin, est occupé et fortifié depuis l'époque romaine. Au XIIIe siècle, une tour et une enceinte constituent le château médiéval appelé Châtel-Belin ; une peinture de 1628 le montre en ruines avant des destructions liées à la guerre de Dix Ans. Restauré dans les années 1640 pour faire face aux menaces d'invasion, il participe ensuite à la défense de Salins contre les troupes de Louis XIV entre 1668 et 1674. Après la capitulation de la ville en 1674, Louvois charge Vauban de reconstruire les trois forts protégeant Salins, dont Belin, et Vauban reprend l'implantation sur les niveaux et vestiges anciens, incluant la tour Grimbert (future redoute de Grelimbach) et l'ermitage de Saint Anatoile (bas-Belin). Vauban dote Belin d'un front bastionné en ouvrage à cornes, d'un cavalier redouté pour l'artillerie et d'une organisation en plates-formes reliées par traverses et chemin couvert ; les ailes nord et ouest s'appuient naturellement sur la falaise. Sur la plateforme principale sont aménagés deux bâtiments, une caserne et un bâtiment logeant le major, l'aumônier et une chapelle ; le cavalier abrite un corps de garde, des casernes et un magasin à poudre, tandis qu'une plateforme inférieure repose sur un bastion carré à fausse braie. Les travaux de Vauban s'achèvent vers 1679.
Après la restauration, le fort reçoit successivement un régiment puis des soldats invalides ; dès 1690 des détachements d'invalides sont employés dans les places frontières. En 1746, l'ingénieur Louis de Cormontaigne indique une capacité d'environ 150 hommes. À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle des dégradations et des infiltrations affectent le cavalier et les casemates ; un hôpital de siège est installé en décembre 1813. Lors de l'occupation autrichienne liée aux événements de 1814–1815, le fort est rasé au départ des troupes.
Un projet de restauration est ordonné en 1817 et la reconstruction s'étale par étapes : réaménagement de l'enceinte principale avec création de casemates et épaississement du parapet du cavalier, puis réparations du bas-Belin et de la redoute de Grelimbach. Les vestiges modernes conservent essentiellement les plates-formes dessinées par Vauban et les assises des éléments bastionnés. Sous l'inspection du général Haxo, le cavalier est reconstruit en 1828 avec un pont-levis sur fossé, caponnières et galerie de contrescarpe ; un bâtiment casematé aménagé sur la plateforme du bastion carré peut loger une garnison d'environ 75 hommes et le bas-Belin est réhabilité et relié au réduit intérieur. D'importants travaux ont lieu entre 1838 et 1844, aboutissant à la construction du réduit de la plateforme principale, à un mur d'enceinte entre ce réduit et le cavalier, et à l'organisation de la contrescarpe du fossé. La redoute de Grelimbach est rebâtie et achevée en 1854 ; comme le cavalier elle reçoit une caponnière et un accès à la galerie de la contrescarpe. La poudrière du réduit principal est protégée par un paratonnerre en 1863.
Actif lors du conflit de 1870, le fort ne se rend qu'après l'armistice ; après 1871 il est en grande partie abandonné au profit d'autres sites frontaliers, mais un poste optique est installé dans une tour médiévale proche de la redoute de Grelimbach pour communiquer avec plusieurs forts régionaux, et il garde un rôle mineur pendant la Première Guerre mondiale. La municipalité acquiert le site en 1921 ; des aménagements ponctuels suivront, notamment un pont en béton en 1935 et un paratonnerre en 1955, puis des locations et projets d'exploitation touristique à partir des années 1970 sans aboutissement, le fort étant exploité sous bail emphytéotique. Le fort Belin est classé au titre des monuments historiques en 1984.
Sur le plan architectural, la redoute de Grelimbach est un ouvrage sur deux niveaux entouré d'un fossé, pourvu de machicoulis en brique et charpente, et équipé d'un escalier conduisant depuis le corps de garde à une caponnière et à une galerie de feux de revers dans la contrescarpe ; un pont dormant précède un pont-levis. Le fort principal présente des casemates protégées sous traverses, un cavalier redessiné au XIXe siècle, une nouvelle caserne à la gorge du bastion et un ouvrage à cornes pour l'artillerie, le bas-Belin bénéficiant quant à lui de murs de masque protégeant l'accès et d'une caserne à l'épreuve des obus. Le site a par ailleurs servi de lieu de tournage pour des films, dont Radio Corbeau (1989) et Trop (peu) d'amour (1998).