Origine et histoire du Fort Cigogne
Le fort Cigogne est situé sur l'île Cigogne, dans l'archipel des Glénan (Finistère). Propriété de l'État, il a été inscrit au titre des monuments historiques en 2009 puis classé en 2013 ; il est aujourd'hui loué à l'école de voile Les Glénans, le Conservatoire du littoral en étant affectataire depuis 2016. Un premier projet de défense proposé par Isaac Robelin en 1717 n'eut pas de suite. Plusieurs études furent ensuite élaborées, notamment les projets Marolles (1745), Frézier et Sauvagère (1755), suivis d'un plan de Larcher en 1765 qui proposa une batterie circulaire. Les travaux principaux commencèrent en 1755 sur des plans de Sauvagère, mais l'ouvrage resta inachevé et les travaux furent définitivement arrêtés à la fin de l'Empire. Le fort résulte d'une combinaison de deux batteries curvilignes imbriquées par des contre‑courbes casematées, offrant quatre faces convexes vers l'extérieur. Le dispositif originel comprenait un casernement voûté intégré au rempart et des canons disposés sur une vaste plate‑forme sommitale. La seule modification majeure signalée est l'ajout d'une tour servant d'amer érigée au‑dessus du saillant sud‑est. La réalisation du projet s'étala sur une soixantaine d'années et resta incomplète, le bastion protégeant l'entrée n'ayant pas été construit. Au XIXe siècle plusieurs plans et campagnes de travaux furent dressés, dont des projets signés Pradere (1793), Moulat (1799) et Constantin (1817) pour l'agencement intérieur. La commission mixte de 1841 préconisa des améliorations et attribua au fort un armement de quatre canons de 30 livres servant par une vingtaine d'hommes, auquel fut ensuite ajouté un mortier de 32 cm. Les chapes des casemates furent refaites en 1843‑1845. Après des propositions sans suite en 1847, de nouvelles préconisations aboutirent aux plans du capitaine Rousseau et à des travaux entrepris en 1858 et achevés en 1860, visant notamment l'aménagement de batteries, l'amélioration de l'enceinte et la construction d'une bretèche pour la porte. La couche d'enduit bitumineux présente dans la plupart des casemates pourrait dater de ces travaux ou de ceux du milieu des années 1840. Les plates‑formes pour les quatre canons et le mortier furent réalisées dans les années 1860; deux canons de 30 livres étaient encore en place en 1876. À la fin du XIXe siècle le fort fut déclassé puis, en 1891, des locaux et terrains furent remis au Département de l'Instruction publique pour l'agrandissement du laboratoire de zoologie et physiologie maritimes de Concarneau. Au début du XXe siècle un observatoire océanographique et météorologique fut installé dans une partie du fort pour étudier les migrations de la sardine; M. Béatrix en assura le suivi et un gardien issu des familles de pêcheurs de l'archipel y fut attaché. La tour édifiée sur la partie sud‑ouest en 1911, construite par la Marine nationale, servit d'amer et de repère pour des essais de vitesse entre l'île de Groix et les Glénan. Le fort connut des occupations ponctuelles au XXe siècle, notamment par des Concarnois pendant la Première Guerre mondiale et par une petite garnison allemande durant la Seconde Guerre mondiale. En 1957 les bâtiments et dépendances furent loués au centre nautique Les Glénans par le Collège de France; ce bail fut renouvelé en 1975 et en 1993. La cohabitation avec des pêcheurs, autorisés à occuper les locaux jusqu'à l'arrêt de leur activité, marqua l'usage du fort ; le dernier pêcheur permanent, Pierre Nédelec, y demeura de 1939 à 1974. Dès 1967 le fort sert de base aux stages de l'école de voile Les Glénans, axés sur l'initiation à la croisière, le pilotage et, plus tard, le perfectionnement en voile légère. Dans les années 1950 les stages à Cigogne étaient réservés aux barreurs expérimentés et le site jouissait d'une réputation d'« école de mer » distincte des autres écoles de l'archipel. Les baux précisaient des conditions d'accès pour le personnel de la Marine à l'amer et des obligations en matière de stockage pour le laboratoire de Concarneau. Le fort a fait l'objet d'un programme de restauration à la suite de sa sélection parmi les projets du loto du patrimoine en 2018, des travaux qui se sont achevés en 2024. Les informations reprises ici proviennent notamment des archives et du dossier de prorogation du bail de 1993.