Origine et histoire du Fort de Beauregard
Le fort de Beauregard, situé à la limite des communes de Fénay (trois cinquièmes de sa surface) et de Longvic (deux cinquièmes), se trouve au sud sud-est de l'agglomération dijonnaise à une altitude moyenne de 251 mètres. Il fait partie du « système Séré de Rivières », un ensemble de fortifications conçu à partir de 1874 pour protéger les places de deuxième ligne, dont Dijon. Construit entre 1877 et 1881, il est un des ouvrages qui ceinturaient Dijon entre 1875 et 1883. Le site paraît avoir été édifié à l'emplacement d'une ancienne fortification repérée sur des cartes anciennes, notamment la carte d’État-Major de 1846, et il est implanté à proximité de la ferme de Beauregard déjà signalée au XVIIe siècle. Pendant le ministère Boulanger, en 1887, il fut brièvement dénommé fort Fauconnet en hommage au colonel Adrien Fauconnet, mortellement blessé lors de la défense de Dijon le 29 octobre pendant la guerre de 1870 et décédé le 30 octobre après avoir été nommé général de brigade par décret du 27 octobre. Le fort n'a pas eu d'utilité pendant la Première Guerre mondiale mais fut employé pendant l'Occupation dans le dispositif défensif de la base aérienne de Longvic, où des batteries de DCA y furent installées. Après avoir servi d'entrepôt à la base aérienne 102 Dijon-Longvic, il fut désaffecté en 1984 puis envahi par la végétation. Mis en vente par l'armée en 1997, il fut acquis en 1998 par le SIVOM de Saulon-la-Chapelle, puis racheté par la commune de Fénay le 28 juillet 2003, qui entreprit d'importants travaux de défrichage, de nettoyage et de déblaiement pour mettre en valeur le patrimoine militaire. Inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 17 mars 2006, le fort est ouvert au public lors des Journées du patrimoine. Au printemps 2010 la chaîne japonaise NHK y a tourné plusieurs scènes d'un téléfilm consacré à la guerre russo-japonaise, le site ayant été choisi pour son bon état d'entretien. En décembre 2024, la commune de Fénay a vendu le fort à un particulier pour 245 000 euros.
De type « modèle 1874 », le fort occupe une superficie totale de 3 913 m² et présente un plan rectangulaire à angle rentrant à la gorge, protégé par un petit ravelin. Il est défendu par une double courtine battue depuis deux redans de l'escarpe ; cette courtine ne disposait pas de protection d'artillerie et son escarpe semi-détachée a été aménagée en mur dit « Carnot » percé de créneaux de fusillade pour l'infanterie, mesures adaptées pour arrêter les infiltrations dans les fossés mais insuffisantes face au tir d'artillerie adverse. Le saillant 2 est pourvu d'une caponnière simple protégeant le fossé est, tandis que le saillant 3 abrite une caponnière double destinée à défendre les fossés sud et ouest. Le fort est entouré d'un fossé profond d'environ six mètres franchissable par un pont-levis « à la Poncelet », unique dans la région dijonnaise et dont il n'existerait, paraît-il, que sept autres exemplaires connus en France. Ce système de levage, imaginé par le général et mathématicien Jean-Victor Poncelet, met en œuvre des contrepoids constitués de masselottes articulées formant une chaîne, une disposition qui remplace le pont-levis à flèches; les chaînes du tablier sont encore en place au fort. L'ouvrage comprend deux magasins à poudre offrant 30 à 40 tonnes de capacité de stockage pour la poudre noire; quatre encuvements pour canons de 75 anti-aériens ont été aménagés durant la période 1940-1944. Le sommet porte une tour de guet métallique « modèle 1947 », qui permet de belles vues sur le fort et la campagne environnante.
La galerie photographique montre notamment les fossés, la tour de guet métallique, la double caponnière, le magasin à poudre, des encuvements pour canons DCA, les casernements et des vestiges de décor de cinéma. Des ressources complémentaires sont disponibles sur le site Mérimée, sur Wikimedia Commons et sur plusieurs sites spécialisés comme fortiffsere.fr et fortiff.be, ainsi que sur la page consacrée au fort sur le site officiel de la commune de Fénay. Le fort de Beauregard s'inscrit dans le réseau du système Séré de Rivières et dans la protection de la place fortifiée de Dijon, en relation avec d'autres ouvrages tels que la redoute de Saint-Apollinaire, le fort d'Hauteville et le Mont Afrique.