Fort de Charlemont à Givet dans les Ardennes

Patrimoine classé Fortification de Vauban Patrimoine défensif Fort

Fort de Charlemont

  • 12-31 Quai du Fort de Rome
  • 08600 Givet
Fort de Charlemont
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Fort de Charlemont
Fort de Charlemont
Crédit photo : MOSSOT - Sous licence Creative Commons
Propriété de l'Etat

Frise chronologique

Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1600
1700
1800
1900
2000
1555
Agrandissement du fort
3e quart XVIe siècle
Construction initiale
1678
Conquête française
XIXe siècle
Transformations majeures
1914
Bombardements allemands
1940
Défense de la Meuse
2009
Fermeture du CEC
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Fort de Charlemont (ruines) : inscription par arrêté du 24 octobre 1927

Personnages clés

Charles Quint Empereur ayant ordonné la construction du fort pour protéger Givet.
Donato de Boni di Pellizuoli Ingénieur chargé du choix du site pour la construction du fort.
Jacques Du Brœucq Ingénieur chargé du choix du site pour la construction du fort.
Jacques van Noyen Responsable des travaux d'agrandissement du fort vers l'ouest.
Louis XIV Roi de France ayant conquis le fort et l'ayant rattaché à la France.
Vauban Ingénieur militaire ayant complexifié les défenses de Givet et transformé Charlemont en place fortifiée.
Général Massu Général ayant inauguré le centre d'entraînement commando en 1961.

Origine et histoire du Fort de Charlemont

Le fort de Charlemont est une forteresse française proche de la frontière belge, sur la Meuse, formée d’un réseau de défenses successives ; il dominait autrefois la ville de Givet, avec laquelle la commune de Charlemont a fusionné. Il s’élève sur l’éperon calcaire qui marque l’extrémité nord‑est du plateau de Foisches. Le front sud repose sur une falaise longue de plusieurs centaines de mètres et présentant un à‑pic de 80 mètres sur la vallée de la Meuse ; cette défense naturelle a rendu inutile l’édification de bastions sur ce versant. Le front nord, bien que dépourvu de falaises, bénéficie de pentes marquées et fut renforcé par les Impériaux par trois bastions casematés à orillons, dont le plan en « as de pique » est caractéristique des fortifications bastionnées du XVIe siècle. À l’ouest, le plateau de Foisches, accessible de plain‑pied, constituait le point faible du dispositif ; il a donc été protégé par un important système dispersé en profondeur destiné à tenir l’artillerie ennemie à distance et à arrêter l’infanterie. Depuis le corps de place se dressent deux bastions puissants casematés à orillons, l’un à l’angle nord‑ouest et l’autre, véritable demi‑bastion, à l’angle sud‑ouest où l’enceinte rejoint la falaise. En avant de ce front bastionné a été construit un vaste ouvrage à cornes composé d’un bastion central encadré de deux demi‑bastions ; la courtine entre le demi‑bastion sud et le bastion central était percée d’une porte précédée d’une demi‑lune. L’espace compris entre cet ouvrage et la falaise était occupé par une lunette en losange précédée d’une contre-garde. Au XVIIe siècle fut établi en outre un immense front bastionné, la « Couronne d’Asfeld », précédée d’une demi‑lune et d’un vaste glacis, et appuyée au sud par la petite redoute dite « Lunette de Foisches ».

La construction du fort remonte aux suites des combats de 1554–1555 : Charles Quint décida d’ériger une fortification pour protéger Givet, et des ingénieurs comme Donato de Boni di Pellizuoli et Jacques Du Brœucq furent chargés du choix du site ; le nom Charlemont renvoie à l’empereur. Le fort primitif, élevé en période de guerre, mobilisa à partir de 1555 d’importants moyens humains et militaires. En 1555, les combats montrèrent la nécessité d’un agrandissement vers l’ouest : on y ajouta des bastions à orillons et des places basses inspirés du plan de Philippeville, travaux achevés vers 1563–1564 sous la direction de Jacques van Noyen. Du bas de la fin du XVIe siècle jusqu’en 1675, les Espagnols édifièrent une seconde enceinte comprenant une tenaille à l’est, deux ouvrages à cornes à l’ouest et trois demi‑lunes au nord. Conquis par Louis XIV en 1678, le fort et la ville furent rattachés à la France en application du traité de Ryswick ; Vauban complexifia alors les défenses de Givet et transforma le village de Charlemont en place fortifiée tout en entourant la ville d’une enceinte. Après la défaite de Napoléon, le fort fut occupé par des troupes étrangères jusqu’en 1818, ce qui aboutit à des conventions et restitutions successives entre puissances. Intégré au système Séré de Rivières, l’ouvrage fit l’objet de transformations en 1888 qui ont marqué la physionomie de la plupart des bastions ; un abri‑caverne et un long escalier creusé dans le roc relient le fort au tunnel ferroviaire situé sous son extrémité est, dispositif prévu pour l’approvisionnement à l’abri des vues et du tir. Fin août 1914, des tirs d’artillerie lourde saxons et autrichiens bombardèrent Charlemont ; après de violents bombardements et une demande de reddition, le commandement ordonna finalement le cessez‑le‑feu et les forces allemandes entrèrent dans le fort. En mai 1940, le fort, équipé de pièces de 75 mm et de 155 mm, appuya la défense de la Meuse ; il fut bombardé et perdit plusieurs pièces de gros calibre, repoussa des tentatives de franchissement et subit ensuite des attaques aériennes et terrestres qui entraînèrent l’évacuation de l’artillerie restante et des pertes parmi les assaillants. Givet fut libérée en septembre 1944 et Charlemont accueillit ensuite des unités américaines engagées dans la contre‑offensive de décembre 1944.

De 1961 à 2009 le fort abrita un centre d’entraînement commando (CEC), inauguré par le général Massu et conçu pour la 11e Division légère d’intervention ; sa mise en place mobilisa des unités commandos et des sapeurs parachutistes et le CEC reprit par la suite les traditions de régiments parachutistes. Les parcours PAR et MéCo proposaient aguerrissement, escalade, évasion et combat urbain dans un village reconstitué, et des enseignements spécialisés portaient sur mines, explosifs, survie, navigation et secourisme ; le CEC fut dissous en août 2009 dans le cadre de la réorganisation de la Défense. L’État proposa alors la cession de ses propriétés militaires à la commune de Givet ; la ville accepta les biens situés en ville mais déclina Charlemont pour des raisons financières ; plus tard la communauté de communes Ardenne Rives de Meuse accepta la cession après règlement de questions liées notamment à la propriété du tunnel ferroviaire et à l’emprise de la réserve naturelle sur la pointe est. En 2015 les fortifications ont servi de décor au tournage de l’émission de télévision « Garde à vous ». Dans la nuit du 22 janvier 2024 un bloc complet du parement de la pointe est dite « cornichon » s’est effondré ; la sécurisation du site et la surveillance des murs furent immédiatement prioritaires, et le gel‑dégel ainsi que les intempéries furent pointés comme causes probables en attendant des réparations lorsque le terrain sera assaini.

La tour Maugis fait depuis longtemps partie des défenses de Givet : située au nord‑est sur un point dominant la route de Philippeville, elle a été modifiée à plusieurs reprises avec l’arrivée de l’artillerie, prenant successivement les noms de Villahermosa puis de fort de la Macque, et recevant levées de terre, escarpements, caponnières, poudrières et galeries pour préparer contre‑sapes et approvisionnements. Vauban fit transformer l’ancienne tour en un dernier réduit habitable et résistible, et de nouvelles positions de tir et réserves de munitions furent aménagées au milieu du XIXe siècle ; après l’occupation russe au sortir de l’Empire, le fort connut une longue période d’abandon avant d’entrer en phase de réhabilitation à partir de 2011 pour être valorisé en lieu d’histoire, propriété de la communauté de communes.

Le fort de Charlemont est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 24 octobre 1927 et constitue un site patrimonial majeur pour les Ardennes par son intérêt historique, paysager et environnemental. Dès 1999 la ville de Givet a engagé une mise en valeur touristique du fort, notamment un projet d’éclairage nocturne retardé par des études environnementales pour limiter la pollution lumineuse dans les zones sensibles ; des travaux hors réserve et zone Natura 2000 ont été lancés en 2006 pour éclairer une partie des remparts et plusieurs monuments et des visites individuelles ont été programmées à partir de l’été 2016. Le site offre par ailleurs un intérêt écologique notable : il a été inventorié en ZNIEFF de type 1 pour les escarpements et les forts sur 137 hectares, et se situe au coeur d’une ZNIEFF de type 2 plus vaste ; des microclimats favorisent des végétations subméditerranéennes et thermoxérophiles, les falaises font partie de la réserve naturelle de la pointe de Givet et du réseau Natura 2000, et de nombreuses espèces protégées ou inscrites sur listes rouges — plantes, reptiles, insectes et chauves‑souris — y trouvent des habitats, faisant du site un élément important de la trame verte et bleue régionale.

Liens externes