Fort de Chaudanne à Besançon dans le Doubs

Patrimoine classé Patrimoine militaire Fort Patrimoine défensif

Fort de Chaudanne

  • Fort de Chaudanne
  • 25000 Besançon
Fort de Chaudanne
Fort de Chaudanne
Fort de Chaudanne
Fort de Chaudanne
Fort de Chaudanne
Fort de Chaudanne
Fort de Chaudanne
Fort de Chaudanne
Fort de Chaudanne
Fort de Chaudanne
Crédit photo : Toufik-de-planoise - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

4e quart XVIIIe siècle, 2e quart XIXe siècle

Patrimoine classé

Fort (cad. IP 2) : inscription par arrêté du 30 mai 1996

Origine et histoire du Fort de Chaudanne

Le fort Chaudanne, aussi appelé fort Baudrand, est une fortification du XIXe siècle perchée à 422 m sur la colline de Chaudanne, dans le quartier de la Grette à Besançon ; il domine la citadelle de 60 m et se situe à environ 900 m au sud du centre-ville et à 900 m à l'ouest de la citadelle. L'origine du nom Chaudanne est incertaine : certains historiens l’expliquent par le latin Caledenum (« montagne à pic »), d'autres par Campus Dianæ en rapport avec un temple dédié à Diane, et des dédicaces à Mercure et Apollon ont été retrouvées au sommet. À la fin du XVIIIe siècle furent établies des lunettes d'Arçon sur les hauteurs de la ville, dont une à Chaudanne, complétée au début du XIXe siècle ; le fort actuel remplace cette lunette et a été construit entre 1841 et 1845 en intégrant la tour de l’ancienne lunette. Le fort avait pour mission de défendre les approches sud‑ouest de la ville ; à la fin du XIXe siècle et lors de la mise en défense de 1914, son artillerie comprenait notamment quatre canons de Bange de 90 mm. Par décret du 21 janvier 1887, le ministre Boulanger le rebaptisa fort Baudrand, appellation qui subsista malgré l’abrogation du décret la même année. Une batterie dite du petit Chaudanne fut édifiée plus tard, à 750 m à l'ouest, pour couvrir le site, et un magasin à poudre extérieur figure sur un plan du Génie de 1866.

L'accès originel depuis la rive droite du Doubs passait par une piste muletière en lacets aboutissant à un corps de garde aujourd'hui disparu ; l'entrée du fort était précédée d'un pont dormant, d'un pont‑levis « à la Poncelet » puis d'une grille défendue par un corps de garde. Le fort est bastionné, de plan pentagonal, avec des fossés sur trois côtés ; l'escarpe est en maçonnerie soignée tandis que la contrescarpe est constituée de roche naturelle. La cour centrale contient un magasin construit en 1855 pour 21 tonnes de poudre noire, entouré d'une enceinte de sécurité aux murs épais partiellement arasés ; à l'arrière gauche subsiste la tour‑réduit de la lunette d'Arçon, désaffectée puis utilisée comme magasin d'artillerie, comportant deux niveaux sur sous‑sol. Trois galeries partent de la cour pour desservir les postes de défense des fossés : deux latérales pour l'infanterie en haut des remparts et une centrale donnant accès au dessous du bastion 2, qui abrite une cave à canons assurant le flanquement des fossés et percée d'embrasures et de créneaux de fusillade. Les plateformes d'artillerie reposent sur des levées de terre accessibles par deux rampes, et l'esplanade nord était protégée par des parapets talutés du côté de la vallée du Doubs.

La caserne, prévue pour loger 100 à 130 hommes, comporte deux étages sur sous‑sol, travées voûtées « à l'épreuve » et magasins ; elle est entourée de fossés profonds de 6 m afin de pouvoir servir de réduit, et son entrée originelle s'effectuait au fond d'un fossé par un escalier dit « pas de souris » avec palier en madriers retirables. La face arrière de la caserne, qui fait office de muraille entre les bastions 4 et 5, ouvrait sur une poterne et une passerelle protégée par une tenaille aujourd'hui arasée ; trois cadrans solaires ornaient les façades donnant sur la cour et une citerne de 159 m3, recueillant les eaux de pluie, se situe derrière la contrescarpe ouest. Dans l'angle intérieur du bastion 4 se trouvent la cuisine et les latrines.

Le site a connu plusieurs épisodes militaires : lors du siège de 1674 des batteries installées au sommet tirèrent sur la citadelle et un boulet tua un officier en présence du roi, ce qui incita Vauban à refuser la fortification de la colline ; en 1814, pendant le siège par les Autrichiens, une tentative de ruse nocturne échoua et les défenseurs récupérèrent sur le glacis un important butin d'armes et d'équipements. Lors de la libération de Besançon en septembre 1944, deux compagnies du 7e régiment d'infanterie américain engagèrent le fort où s'était retranchée une compagnie ennemie ; après des combats nocturnes, l'intervention d'un char M10 et l'assaut dirigé par le lieutenant George E. Stripp permirent la reddition d'une partie des défenseurs, avec une vingtaine d'Américains mis hors de combat et dix‑neuf prisonniers allemands.

Propriété de la commune depuis 1957 et inscrite au titre des monuments historiques le 30 mai 1996, le fort accueille aujourd'hui diverses activités : un stand de tir dans le fossé ouest, des salles de la caserne mises à disposition d'associations et le théâtre Alcyon installé dans la caserne depuis 1995 ; l'association de radioamateurs REF 25 dispose d'un local et d'antennes sur le site. L'intérieur du fort n'est accessible que lors de visites accompagnées, tandis que le magasin à poudre extérieur creusé dans le roc sous le rebord de l'esplanade reste visitable. À proximité, le Souvenir Français a érigé un monument aux morts en mémoire des soldats américains tombés lors de la libération ; une plaque commémorative bilingue rappelle ces événements et une esplanade porte le nom de la 3e division d'infanterie américaine. Depuis l'esplanade, le site offre un vaste panorama sur la citadelle et le centre historique de Besançon.

Liens externes