Origine et histoire du Fort de Condé
Le Fort de Condé, aussi appelé fort Pille, est une fortification située sur les hauteurs de la confluence des vallées de l'Aisne et de la Vesle, aux communes de Condé-sur-Aisne et de Chivres‑Val. Il fait partie du second grand système de fortifications, après celui de Vauban, construit en France entre 1874 et 1885 sous la direction du général Séré de Rivières. Édifié de 1877 à 1882 sur un point élevé entre Reims, Soissons et Laon, il était conçu pour compléter le glacis protégeant l'approche de Paris, aux côtés d'autres ouvrages du Laonnois comme Bruyères, Montbérault ou Mons, en réponse aux besoins de défense apparus après la défaite de 1870. D'une superficie de 17 hectares, le fort pouvait accueillir 658 hommes, dont 28 sous‑officiers et 20 officiers ; il disposait d'une infirmerie pour 80 malades, d'une écurie pour 12 chevaux, de magasins à poudre et à munitions, d'une forge, d'un atelier à bois et de deux puits. En 1885, deux compagnies du 67e régiment d'infanterie, soit environ 500 hommes, y tenaient garnison, et en 1887 l'ouvrage prit le nom du général Louis Antoine Pille. Les progrès de l'artillerie au début du XXe siècle rendirent le fort rapidement obsolète, avant même la fin de sa construction, et il fut déclassé en 1912 pour n'être plus qu'un lieu de casernement. Sa proximité du Chemin des Dames en fit un site très disputé pendant la Première Guerre mondiale : occupé par les Allemands jusqu'à l'offensive de Nivelle en 1917, il fut repris par les Français, repris ensuite par les Allemands le 28 mai 1918 puis récupéré par les Français le 7 août. Après la guerre, le fort servit de centre de désobusage, puis fut progressivement envahi par la végétation et se dégrada. Le 18 décembre 1953, un accident sur le site provoqua la mort de Gustave Rouxhet, Joseph Gronowski et Marceau Dagry ; une plaque commémorative rappelle cet événement. Racheté en 1959 par la commune de Chivres‑Val, il servit ensuite de carrière de pierres. En 1979 une association de sauvegarde entreprit des travaux de restauration avec l'aide des collectivités locales ; depuis 2000, le fort appartient à la communauté de communes du Val de l’Aisne. Inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 2001, le site est ouvert au public depuis 2003 et accueille régulièrement des manifestations artisanales, des spectacles son et lumière, des représentations théâtrales et des expositions, attirant environ 12 000 visiteurs par an.