Fort de la Latte à Plévenon en Côtes-d'Armor

Patrimoine classé Patrimoine militaire Fort Patrimoine défensif

Fort de la Latte

  • Fort La Latte
  • 22240 Plévenon
Fort La Latte
Fort de la Latte
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Fort de la Latte
Fort de la Latte
Crédit photo : Llorenzi - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

Moyen Age, XVIIe siècle

Patrimoine classé

Fort : classement par décret du 11 août 1925 ; Terrains avoisinant le fort, pour leur partie délimitée par l'enclos (cad. B 161, 163 à 169, 171, 172, 174, 175, 151p, 152p, 155p, 157p, 162p, 182p, 183p) : classement par arrêté du 28 février 1934

Origine et histoire du Fort La Latte

Le fort de la Latte, aussi appelé château de la Roche-Goyon, se dresse sur la pointe de la Latte, près du cap Fréhel, sur la commune de Plévenon en baie de Saint-Malo, dans les Côtes-d'Armor. Le site, naturellement peu accessible, offre une vue dégagée sur la Manche et la Côte d'Émeraude, raison essentielle de son implantation. La construction est essentiellement en granite ; le grès a pu être prélevé sur les falaises voisines et des traces d'anciennes carrières subsistent sur le littoral. Le fort occupait un emplacement stratégique, proche des voies commerciales reliant Saint-Malo, la Normandie et les îles Anglo-Normandes. Il renferme des éléments datés des XIIIe et XIVe siècles et la tradition rapporte qu'une tour aurait occupé ce point dès 937, bâtie par Goyon, seigneur de Matignon. La forteresse telle qu'on la connaît fut édifiée au XIVe siècle par Étienne III Goüyon ; son donjon est daté des années 1365-1370. En 1379, à la suite du retour d'exil du duc de Bretagne Jean IV, le château fut assiégé par Bertrand Du Guesclin. Il fut repris en 1597 lors des guerres de Religion et partiellement incendié, avant d'être bastionné sous le règne de Louis XIV, qui acheta le domaine en 1689 et le fit transformer en respectant les constructions antérieures. Colbert de Croissy, en 1665, le décrit alors en ruine et habité par un concierge ; il appartenait à cette époque à François Gouyon de Matignon. Le fort fut utilisé jusqu'à la fin du Premier Empire, puis vendu à divers propriétaires à partir de 1892 avant d'être acquis en 1931 par Frédéric Joüon des Longrais, qui entreprit d'importants travaux de restauration. Il est classé au titre des monuments historiques depuis le 11 août 1925 et le 28 février 1934. L'électricité n'y fut installée qu'en 2001. Le prince Albert II de Monaco a effectué une visite privée en 2012 et une nouvelle visite en 2025, en compagnie de sa famille, à l'occasion du tricentenaire de la mort de Jacques III de Matignon, et a partagé un déjeuner avec des représentants des institutions locales et la famille propriétaire. Le fort est séparé de la terre par deux crevasses franchies par des ponts : le premier pont, prolongé par une barbacane, est défendu par un châtelet, et le second, dit Grand pont, donne accès à la porte principale. La fortification comprend des murailles, un corps de garde et une enceinte flanquée de tours anciennes ; à l'intérieur se trouvent un bâtiment servant de caserne et une tour ovalisée pouvant dater du XIVe siècle. Les deux châtelets possèdent chacun un pont-levis ; la barbacane, séparée du château par un gouffre, était équipée d'une herse et d'une porte à double battant, et le premier châtelet, détruit par la canonnade lors d'une attaque, a été reconstruit. La cour abrite une citerne, une chapelle édifiée sous Louis XIV, le logis du gouverneur et un corps de garde ; elle fut remblayée au XVIIe siècle pour l'usage des canons, recouvrant jusqu'à huit mètres du niveau médiéval, et des fouilles ont mis au jour une tour carrée enfouie. La citerne, alimentée par les eaux pluviales, a une capacité de 20 000 litres pour approvisionner la garnison, et l'impossibilité de creuser un puits tient au massif granitique sur lequel le fort est établi ; à proximité se trouvait également un pont-levis factice destiné à détourner les attaquants vers des courants dangereux, dispositif qui se révéla peu efficace. La basse-cour, située entre la cour sud et la batterie basse au nord, entoure le promontoire rocheux supportant le donjon et abrite un four à boulets destiné à chauffer les projectiles, dispositif rarement utilisé en raison de sa consommation de bois, de la durée de chauffe nécessaire et des risques liés au chargement des pièces. Le donjon présente des mâchicoulis et différents types de meurtrières : arbalétrières en forme de croix, archères allongées pour l'arc, trous latéraux pour l'arquebuse et grands trous pour la bombarde ; une ligne de bombardement visible correspond à la prise du château au XVIe siècle. Quatre sculptures représentant le tétramorphe entourent le cercle de granite jaune qui entoure le donjon : l'ange de saint Matthieu face au châtelet, le lion de saint Marc, l'aigle de saint Jean (très abîmé) et le bœuf de saint Luc à droite de l'entrée ; l'emblème des Goyon-Matignon, une sirène, couronne le passage d'entrée, où le troisième pont-levis a été remplacé par un escalier et où l'on trouvait une herse et un assommoir dans la souricière. Une exposition sur les travaux de restauration occupe une partie du donjon et la dernière salle est couverte d'une voûte à croisée d'ogive datée de 1340. La batterie basse, à la pointe de la presqu'île face à la mer, était équipée de canons ; sous Louis XIV on comptait huit pièces dont les plus grandes avaient un fût de huit mètres, et des exemplaires « moyens » présents sur le site pouvaient envoyer un boulet jusqu'à un kilomètre, leur réglage étant facilité par un chemin de roulage en granite ; selon les archives militaires, un coup pouvait être tiré toutes les trois minutes. Sur le chemin menant au château se dresse un petit menhir que la tradition identifie comme « la dent » ou « le doigt » de Gargantua. Le fort a servi de décor pour de nombreuses productions cinématographiques et télévisuelles, de 1931 à 2023, dont parmi les plus connus Les Vikings (1958) et des adaptations récentes des Trois Mousquetaires. Depuis son ouverture au public, la famille Joüon des Longrais organise des manifestations sur le domaine, comme les Nuits celtiques en 2006 et 2007 et les Grandes Médiévales, organisées chaque mois d'août depuis 2008, ainsi que des petites médiévales tous les deux ans.

Liens externes