Origine et histoire du Fort du Gros Rocher
Lors de son passage à Belle-Île en 1689, Vauban préconise la construction d'une batterie sur le Gros Rocher; une batterie semi-circulaire y est effectivement mentionnée dès la fin du XVIIe siècle et en 1705. Des travaux y sont entrepris dans les années 1740 et 1750 et, en 1747, elle est armée de deux canons de 36 livres, un de 24 livres et trois de 12 livres. À la fin du XVIIIe siècle, une seconde batterie est édifiée sur la partie terrestre de la pointe. La position est réarmée au début des guerres de la Révolution et de l'Empire : en 1803 la batterie à la mer porte trois canons de 6 livres et un mortier de 8 pouces tandis que la batterie de terre dispose de deux canons de 36 livres et d'un mortier de 12 pouces ; en 1813 l'armement est alors de trois canons de 18 livres et un mortier de 10 pouces d'un côté, et de deux canons de 36 livres et un mortier de 12 pouces de l'autre. La batterie fait l'objet d'envisagements de réarmement en 1830-1831, puis la Commission mixte de 1841 la conserve en terre et lui attribue un armement de deux canons de 30 livres et de deux obusiers de 22 cm, en prévoyant un corps de garde défensif n°3 comme réduit. Les études commencent en 1847 puis reprennent à partir de 1857; l'emplacement est finalement reculé sur le site de l'ancienne batterie de terre. La nouvelle batterie, bâtie en 1859, comprend une enceinte et un corps de garde crénelé de type 1846 n°3, le corps de garde étant achevé entre 1859 et 1860. La commission de 1859 renforce l'armement par l'ajout d'un mortier de 32 cm destiné à la défense du mouillage du Palais. Sa plate-forme est réalisée en 1862, simultanément à la mise en place des dés en maçonnerie des plates-formes des autres pièces. Après 1870, le Gros Rocher figure parmi les trois sites de Belle-Île modernisés ; une première refonte a lieu entre 1877 et 1881, portant l'armement à deux canons de 24 cm et deux de 16 cm. Après 1880, l'ouvrage est découronné et merlonné puis recouvert de terre; seul subsiste, apparent, la façade sud du réduit, tandis que le magasin à munitions est aménagé sous le roc. Vers 1892 une seconde modernisation accroît l'armement à quatre canons de 24 cm et une batterie annexe, armée de quatre canons de 95 mm, est installée à 200 mètres en arrière. Comme beaucoup d'ouvrages côtiers, la batterie est désarmée en 1915-1916 et son matériel envoyé au front; pendant la Seconde Guerre mondiale elle est utilisée par les Allemands comme dépôt de vivres et de munitions. Le site est vendu à un particulier en 1961.