Fort du Mûrier à Gières dans l'Isère

Patrimoine classé Patrimoine militaire Fort Patrimoine défensif

Fort du Mûrier

  • 8 Chemin du Fort
  • 38610 Gières
Fort du Mûrier
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Fort du Mûrier
Fort du Mûrier
Crédit photo : Binnette - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

4e quart XIXe siècle

Patrimoine classé

Fort (cad. E 875) : inscription par arrêté du 19 août 1994

Origine et histoire du Fort du Mûrier

Le fort du Mûrier, ou fort Randon, fait partie de la ceinture fortifiée de Grenoble et se situe à l'est-sud-est de la commune de Gières, à 420 mètres d'altitude. Construit de 1875 à 1878 selon le système Séré de Rivières, il figure parmi les rares ouvrages qui respectent fidèlement les préconisations du général Séré de Rivières. Par décret du 21 janvier 1887, le ministre Georges Boulanger le rebaptisa « Randon », mais ce changement fut abrogé par son successeur le 13 octobre 1887 et le fort retrouva son nom antérieur. Le fort servit de camp de prisonniers pendant la Première Guerre mondiale et resta propriété de l'armée jusqu'en 1978. La commune de Gières l'acquit en 1978 ; après une période d'abandon, elle a recherché des financements entre 1983 et 1993 et organisé dès 1986 une fête en son honneur. Depuis, à l'occasion des Journées européennes du patrimoine, sont proposés visites guidées, expositions, événements musicaux et spectacles. La restauration engagée en 1993 fut financée par l'État (30 %), la région Rhône-Alpes (16 %), le département de l'Isère (30 %) et la commune de Gières (24 %), avec d'abord le déboisement et des travaux d'étanchéité menés jusqu'en 1999, puis la réfection des façades et la rénovation des intérieurs entre 2000 et 2006. Le fort est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 19 août 1994 et accueille un collectif d'artistes plasticiens qui loue un atelier sur le site.

Le fort avait pour fonction essentielle de bloquer l'accès à Grenoble aux troupes venant de Chambéry ; ses feux étaient croisés avec ceux du fort du Bourcet pour maîtriser la vallée du Grésivaudan, mission commentée par le colonel Cosseron de Villenoisy. En temps de guerre il pouvait abriter plus de 542 hommes et 32 pièces d'artillerie ; il était considéré comme le plus puissant de la région grenobloise. Ouvrage de première génération Séré de Rivières en forme de V, il est à cavalier et a été construit en schistes gélifs : l'entrée présente un fronton crénelé décoratif, la gorge comporte de petits organes de flanquement assimilés à des caponnières doubles formant une courte courtine, et les autres fossés sont battus par deux caponnières doubles rattachées aux saillants du front de tête. Toutes les ouvertures sont encadrées de maçonnerie de briques de terre cuite. La fragilité du schiste a rendu nécessaires des restaurations qui ont conduit à recouvrir certaines façades extérieures d'une épaisseur de béton. La cour épouse le profil du front de tête ; chacune des deux ailes aligne sept travées sur un seul niveau. Le cavalier comprend quatre traverses-abris et tous les puits de lumière conservent leurs lanterneaux métalliques.

À droite de la cour, les deux magasins à poudre sont constitués de locaux accolés, séparés par un piédroit épais sur la moitié de leur longueur et desservis par une même entrée latérale ; chacun possède une voûte en arc segmentaire et deux créneaux à lampe placés exceptionnellement haut. Ces doubles magasins, placés de part et d'autre du casernement et au contact direct d'une chambrée, ont une capacité totale de 154 800 tonnes de poudre selon la fiche technique du génie. Le fort comprenait également un four à pain dimensionné pour 380 rations ; le casernement des officiers donne sur le fossé de gorge au saillant V, et sur le glacis du saillant II se voient deux cuves pour canons antiaériens. Les glacis des saillants II et IV possèdent un parapet d'infanterie dont la forme épouse le contour des caponnières, situées à quinze mètres en avant de la contrescarpe, et un escalier à rupture, accolé à la contrescarpe entre les saillants II et III, dessert ces positions. Le fort dispose par ailleurs de deux batteries annexes et, avec le fort du Bourcet sur la rive opposée de l'Isère, il battait l'amont de la vallée du Grésivaudan.

Parmi les éléments visibles aujourd'hui figurent l'entrée principale, la fosse du fort (une partie du mur s'est effondrée en 2015), un escalier d'accès au premier étage, une reconstitution de canon, la cour intérieure, le four de cuisine, des bouches d'aération au-dessus du fort et une vue sur la vallée du Grésivaudan.

Quelques années après la construction du fort furent ajoutées deux « batteries hautes » situées à environ 900 mètres au sud et 100 à 130 mètres plus haut, sur la commune de Saint-Martin-d'Hères ; elles comprenaient des traverses-abris voûtées en arches maçonnées, larges d'environ 3 m et longues d'environ 10 m, recouvertes de terre séparant des plates-formes de tir, et pouvaient accueillir dix canons. La première, à la cote 557, comportait une double plate-forme avec deux traverses pleines et une traverse-abri ; la seconde, à la cote 573, présentait quatre plates-formes encadrées par trois traverses-abris et deux traverses pleines. À quelque 600 mètres au sud du fort, coiffant un mamelon, la batterie basse (557 m) alignait une traverse-abri, une plate-forme pour deux canons, une petite traverse pleine, une seconde plate-forme double et une grande traverse pleine, tandis qu'environ 150 m plus au sud la batterie haute (573 m) reproduisait ce schéma en double, offrant ainsi huit emplacements de pièces. Les traverses creuses sont voûtées en plein cintre, aucune niche à munitions n'a été repérée et il n'existe pas d'enceinte défensive ; ces batteries, vraisemblablement contemporaines du fort, sont libres d'accès et aménagées en aire de repos avec tables et bancs, leurs constructions restant relativement visibles malgré la forêt. Les façades des traverses-abris présentent des désordres et des tags ; les batteries sont la propriété de la commune de Saint-Martin-d'Hères.

Liens externes