Origine et histoire
Le fort et la citadelle de Fouras occupent l'emplacement d'un château mentionné dès le XIe siècle et contrôlent l'embouchure stratégique de la Charente. Sous l'Ancien Régime, la châtellenie relevait du roi et appartint notamment à la famille de Rochefort avant d'être rattachée à la couronne par Philippe le Bel, puis concédée à divers seigneurs jusqu'à Jehan de Brosse, qui y fit reconstruire le donjon à la fin du Moyen Âge. Pris par les Anglais en 1346 pendant la guerre de Cent Ans, le château retrouva ensuite la domination française. Lors des guerres de religion, la place changea de mains entre huguenots et catholiques et revint aux protestants de Condé en 1585. Vers 1636, il fut transformé en forteresse d'État et ses défenses furent renforcées au cours des conflits du règne de Louis XIV contre la Hollande et l'Angleterre. L'arsenal voisin de Rochefort, aménagé sur ordre de Colbert, accentua l'importance stratégique du site. Sous la supervision de Vauban et par l'ingénieur François Ferry, l'ancienne résidence féodale fut aménagée en "fort à la mer" : murs épaissis, plate-forme de tir au sommet du donjon et construction d'une fausse-braie pour porter l'artillerie. Des casernements et ouvrages de défense complétèrent l'édifice au début du XVIIIe siècle et des corps de garde furent ajoutés au XIXe siècle, tandis que la batterie fut casematée en 1847-1848. Réparti sur plusieurs niveaux de feu, le fort pouvait recevoir une importante garnison et de nombreux canons, sans pour autant ouvrir le feu lors des incursions britanniques de 1757 et 1809. Maintenu en service jusqu'à la fermeture de l'arsenal en 1927, il fut utilisé par la Marine nationale de 1889 jusqu'au milieu du XXe siècle, qui y installa un sémaphore encore visible aujourd'hui. Le fort et la citadelle ont été classés monument historique le 13 mars 1987.
L'ensemble fortifié se compose de trois parties : la citadelle au nord, centrée sur un donjon carré ; le fort, au sud de la citadelle, avec des bâtiments en U ; et, plus au sud, une série de fossés et de flanquements d'époque vaubanienne. Une première enceinte englobe l'ensemble du site, protégée à l'ouest par la mer et, sur les autres faces, par des douves ; la citadelle est renfermée dans une seconde enceinte plus élevée, flanquée de trois tourelles arasées, dont les douves ont été en partie condamnées par des murs. La tour centrale de la citadelle est un édifice rectangulaire flanqué, au nord-est, d'une tourelle d'escalier. Le sous-sol comporte deux pièces voûtées en arcs de cloître et, sous la terrasse dallée, deux salles voûtées en berceau ; les planchers des niveaux intermédiaires sont en bois. Le donjon du XVe siècle, haut de 30 mètres, compte quatre niveaux sur une crypte et constitue, avec la muraille sud de la première enceinte, la partie la plus ancienne conservée. Les fortifications du XVIIe siècle — plates-formes, courtines et tour massive —, caractéristiques de l'architecture militaire de l'époque, tombent à pic sur la mer. L'enceinte est accessible librement et l'accès au musée se fait moyennant droit d'entrée lors des visites.