Origine et histoire du Fort Médoc
Le Fort Médoc est un complexe militaire situé à Cussac‑Fort‑Médoc, sur la rive gauche de l'estuaire de la Gironde, conçu pour fermer l'accès de l'estuaire et empêcher la remontée des navires vers Bordeaux. Il fait partie du dispositif défensif établi par Vauban, complétant le Fort Pâté et la citadelle de Blaye. Les terrassements débutent en 1689 et la construction en 1691 sous la direction de Vauban, avec l'architecte Pierre Duplessy‑Michel et l'ingénieur Ferry. Édifié sur un terrain alluvial, marécageux et très bas, le fort repose sur une assise terrassée et n'a pas d'installations souterraines en raison de la nature meuble du sol. De plan trapézoïdal, il est flanqué aux quatre angles de bastions reliés par des courtines ; une demi‑lune défend la porte royale qui s'ouvre sur une vaste cour. La porte monumentale, décorée par le sculpteur bordelais Pierre Berquin, porte un fronton avec la figure du roi soleil, un tympan aux armes royales et des atlantes symbolisant la puissance monarchique. Le corps de garde royal constitue l'entrée principale tandis que le corps de garde de la Mer, côté fleuve, abrite la batterie tournée vers Blaye et forme le dispositif essentiel du fort. Pour se protéger d'un débarquement, l'ensemble est entouré d'un fossé inondable alimenté par des écluses, d'un chemin couvert et d'un avant‑fossé. À l'intérieur s'élèvent deux lignes parallèles de casernement qui comptaient jadis quarante chambres chacune, ainsi qu'une chapelle au bout du casernement sud et une boulangerie avec deux fours au bout du casernement nord. Une poudrière, implantée dans le bastion sud‑est, pouvait contenir près de seize tonnes de poudre ; elle est protégée par des murs épais, une voûte et une couverture de terre, et ventilée par des évents. Le fort comportait aussi des magasins à boulets, des corps de garde et des locaux pour le chirurgien de la garnison ; au total il pouvait loger trois cents soldats, objectif jamais atteint. La position surélevée du corps de garde côté fleuve en fait un poste d'observation et de défense ; il servait aussi de péage et de douane, le chenal de navigation se situant côté Médoc. Une poterne au nord permettait une liaison contrôlée entre l'intérieur et le chemin couvert longeant les douves ; elle n'était ouverte qu'en période de conflit. Le rôle militaire du Fort Médoc a cependant été très limité : il n'a jamais subi d'attaque et a rapidement perdu son importance stratégique, entraînant des périodes d'abandon et de mauvais entretien dès le début du XVIIIe siècle. Au cours de son histoire la garnison a été réduite à quelques hommes avec des pièces d'artillerie limitées, et certains bâtiments ont servi de carrière de pierres entre les deux guerres. Des améliorations d'artillerie ont été apportées à la fin du XIXe siècle, avec une banquette d'artillerie datée des travaux de 1899‑1901. Déclassé par l'armée en 1916, le fort devient propriété de la commune de Cussac en 1930. Des restaurations et des travaux de réhabilitation ont été entrepris au XXe siècle : la chapelle a été reconstruite en 1994 avec l'aide de l'AFPA et des Amis du Fort Médoc, et la boulangerie a été reconstituée en 2002. L'association des Amis du Fort Médoc, créée en 1996, collabore avec la municipalité pour remettre en valeur le site. Le fort est partiellement inscrit aux monuments historiques en 1956, partiellement classé en 1968 puis classé dans son ensemble en 2008. Le 7 juillet 2008, le Fort Médoc, la citadelle de Blaye et le Fort Pâté ont été intégrés au réseau des sites majeurs de Vauban, inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO.