Origine et histoire
Le fort Napoléon est une fortification située au sommet du morne Mire, sur l'île de Terre-de-Haut dans l'archipel des Saintes (Guadeloupe). Propriété du conseil départemental de la Guadeloupe, il est classé au titre des monuments historiques depuis le 15 décembre 1997. Édifié entre 1844 et 1867 à l'emplacement d'un fortin du XVIIIe siècle anciennement appelé fort Louis, il fait partie d'un ensemble d'ouvrages défensifs cohérents autour de la rade de Terre-de-Haut. Après la restitution de la Guadeloupe, le site avait déjà fait l'objet de reconstructions au début du XIXe siècle puis d'un projet de fortification bastionnée approuvé en 1842 ; les travaux s'étalèrent, avec interruption, jusqu'en 1867. Le fort n'a jamais été utilisé comme place forte au cours d'un combat ; il a cependant servi de camp d'internement à différentes périodes, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale sous le régime de Vichy, qui y fit interner des Français d'origine italienne et libanaise, parmi lesquels le résistant Paul Valentino. Abandonné après des usages civils au cours du XXe siècle, il fut repris à partir de 1973 par des associations chargées de sa restauration et de sa mise en valeur, avec des contrats passés avec le département et des opérations de sauvegarde menées depuis lors ; en avril 2021 l'État a alloué une enveloppe de 600 000 euros dans le cadre du plan « France Relance » pour des travaux prioritaires identifiés par des architectes spécialistes du patrimoine. Aujourd'hui, le fort accueille un petit musée consacré à l'histoire des Saintes et à son milieu naturel, installé à l'étage de la caserne, et s'insère dans un jardin botanique dédié aux plantes grasses où vivent de nombreux iguanes, faisant du site une plaque tournante de l'écotourisme culturel local.
Le fort est construit en pierres extraites localement, avec des voûtains en briques reposant sur des poutrelles métalliques. De forme octogonale irrégulière, il comporte huit bastions reliés par des courtines hautes d'environ dix mètres au-dessus des fossés ; un chemin de ronde extérieur de 400 mètres fait le tour des remparts, complété par un chemin de ronde intérieur séparé du premier par un talus. C'est sur ce talus que prenaient place les pièces d'artillerie, protégées latéralement par huit traverse-abris, et l'entrée du fort reste défendue par un pont-levis à contrepoids encore en place.
La caserne, située au centre de la cour, est un bâtiment à trois niveaux et sept travées. Au rez-de-chaussée se trouvent un four à pain, une cuisine, un réfectoire, une salle de garde, divers magasins et une citerne souterraine de 370 m3 recueillant les eaux de pluie. Le premier étage comprend les chambres des officiers et de grandes salles servant de dortoirs pouvant loger jusqu'à 220 hommes sur plusieurs rangées de lits séparées par un couloir central de 1,60 m. Le troisième niveau forme une terrasse entourée d'un parapet percé de meurtrières et percée de six bretèches en retrait dotées de mâchicoulis, transformant la caserne en un réduit défensif ; contrairement à l'usage courant, la terrasse, pavée et au sol dur, recueille l'eau de pluie qui est dirigée, par une canalisation verticale dotée d'un système de filtration, vers la citerne du rez-de-chaussée.
Le musée présente, entre autres, des maquettes et modèles réduits retraçant la bataille navale des Saintes, des reconstitutions, des éléments sur les techniques de navigation et l'histoire de la colonisation, ainsi que des cartes postales et des photographies anciennes. Le fort Napoléon associe ainsi valeurs patrimoniales, fonctions muséales et jardin botanique pour valoriser l'histoire et l'environnement culturel des Saintes.