Origine et histoire du Fort National
Le Fort National est un bastion de Saint-Malo, implanté sur l'îlot de l'Islet et accessible à marée basse. L'ouvrage forme une double enceinte : la première est un chemin destiné à protéger la base de la seconde contre le canon et à rendre l'escalade plus difficile, la seconde présente des embrasures sur son sommet, derrière lesquelles les bouches à feu étaient disposées derrière un parapet. La seconde enceinte renferme une caserne pour la troupe ; on y trouve également un corps de garde, la guérite d'accès à la poudrière et une échauguette sur le rempart extérieur. Avant la construction du fort, le rocher portait un phare pour guider les navires et servait de lieu d'exécution de la seigneurie malouine. Conçu d'après les plans de Vauban et réalisé par l'ingénieur Siméon Garangeau sur ordre du roi Louis XIV, le fort fut envisagé en 1689 et construit au début des années 1690 ; il a été agrandi en 1697 et remanié aux XVIIIe et XIXe siècles. Bastion avancé de la cité corsaire, il s'inscrivait dans l'ensemble des fortifications couvrant la côte, de Fort-la-Latte à la pointe de la Varde, afin de défendre la ville et ses richesses contre une éventuelle invasion anglaise. Surnommé « Fort Caméléon » en raison de ses différents noms successifs (anciennement « fort Royal » puis « fort Impérial »), il a participé à la défense de Saint-Malo, notamment lors de l'attaque anglaise de 1693. Le fort ne fut pris que pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu'il devint prison allemande : plus de 300 Malouins et étrangers y furent enfermés dans des conditions très dures et, dans la nuit du 9 au 10 août 1944, 18 de ces prisonniers furent tués par des obus de la 3e armée américaine ; une plaque commémorative rappelle aujourd'hui leur mémoire. Le Fort National fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis mai 1906, et son mur d'enceinte est classé depuis août 1913. Privé aujourd'hui, il appartient à une vieille famille bretonne.
