Origine et histoire du Fort Saint-André
Le fort Saint-André, perché sur le mont Saint-André qui domine l'ouest de Salins-les-Bains, prend ses origines d'une tour médiévale édifiée par les comtes de Bourgogne pour protéger la saline. Au XVIIe siècle, le sommet est fortifié : après la guerre de Dix Ans, Duchamp, surintendant des fortifications de Bourgogne, militarise le front sud‑ouest en y faisant élever un parapet, des casernements et un mur d'enceinte crénelé, ouvrage achevé en 1647. Le site, stratégique dans le dispositif défensif face au royaume de France, est conquis par les armées de Louis XIV le 20 avril 1668, puis de nouveau en juin 1674 lors du siège mené par le duc de la Feuillade. Après cette prise, Louis XIV ordonne la reconstruction du fort ; Vauban en dessine les plans en reprenant le tracé quadrilatère des ingénieurs espagnols et propose l'élévation d'une nouvelle escarpe, l'approfondissement des fossés et la limitation des accès à un point sud‑ouest avec une contrescarpe. La première pierre de la reconstruction est posée le 18 octobre 1674 ; les travaux sont conduits par François de la Motte‑Villibert, comte d'Aspremont, en l'absence temporaire de Vauban, qui apporte des modifications à son retour en 1675. Le fort est bastionné sur ses ailes sud‑ouest et ouest, Vauban renforçant le front sud‑ouest par une demi‑lune munie d'un pont‑levis et d'un corps de garde ; les casernes datent de 1677. Avec sa chapelle, la place devient une paroisse, peut loger jusqu'à 660 hommes et soutenir un siège de quarante‑cinq jours. Dès 1682 le fort sert aussi de lieu de détention pour des prisonniers politiques et, au XVIIIe siècle, la voie d'accès est améliorée ; la route est pavée vers 1735‑1736. Pendant la Révolution il est transformé en prison et rebaptisé Fort‑Égalité avant de retrouver son nom en 1799. Lors des guerres du début du XIXe siècle, près de 600 détenus y sont recensés durant la guerre d'Espagne, et la garnison est réarmée en 1813 ; l'invasion autrichienne de 1814‑1815 cause d'importants dégâts aux courtines, portes et bâtiments, dont une partie est ensuite rachetée par des notables salinois. Après les événements de 1815, le fort est intégré au plan de défense du Jura et fait l'objet d'études et de propositions de réparations et d'aménagements tout au long du siècle, certaines décisions étant ajournées. Malgré des campagnes de consolidation et des travaux de renforcement entre 1833 et 1841, l'ouvrage connaît des périodes de délabrement et redevient un lieu de détention en 1851 ; sa dernière amélioration militaire notable est la création de trois salles casematées le long de la courtine. En 1871 le fort résiste aux opérations prussiennes jusqu'à la signature de l'armistice, puis il est déclassé à la fin du XIXe siècle et conserve une garnison jusqu'en 1919. Acquis par la ville de Salins en mai 1922, il est donné en bail emphytéotique et accueille des colonies et divers usages civils ; pendant la Seconde Guerre mondiale l'occupation allemande provoque de graves dégradations et un incendie le 13 février 1942. Des travaux de consolidation sont menés à partir des années 1960 et surtout dans les années 1970, et le fort est inscrit aux monuments historiques puis classé, l'arrêté de classement datant du 5 juillet 1993. Depuis le début du XXIe siècle le site a été reconverti en résidence de tourisme comprenant des gîtes, repris en 2019, et ouvre désormais au public à l'occasion de visites guidées sur réservation ; les exploitants actuels entreprennent des travaux de rénovation et d'entretien pour rendre le lieu accessible et préservé.